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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/354

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thousiasme aventureux, dans toute la générosité courageuse de la jeunesse, quoique tout rempli encore de la gaieté insouciante de l’enfance et de son imprévoyance du danger ; et si aujourd’hui ou demain peut-être, vous n’étiez plus qu’un corps déchiré et sans vie, étendu sur le sol de ces horribles cachots, Catherine Seyton aurait seule causé votre mort, et arrêté le cours d’une si noble carrière ? Hélas ! celle que vous avez choisie pour tresser votre guirlande aura peut-être la douleur de préparer votre linceul.

— N’importe, Catherine, que ce soit toi qui prépares mon linceul. Si tu l’honores de larmes semblables à celles que t’arrache cette seule pensée, mes restes en seront plus honorés que mon corps vivant ne le serait par un manteau de comte… Mais fi de cette faiblesse de cœur ! le temps veut plus de fermeté… Sois femme, Catherine, ou plutôt, sois homme ; tu peux être homme si tu le veux. »

Catherine sécha ses larmes et essaya de sourire.

« Ne me demandez rien maintenant, dit-elle, sur ce qui vous tourmente l’esprit ; vous saurez tout quand il en sera temps même, vous sauriez tout maintenant ; mais silence ! voici la reine. »

Marie sortit de son appartement plus pâle qu’à l’ordinaire, et apparemment épuisée par l’insomnie et les pensées pénibles qui pour elle avaient remplacé le repos ; cependant la langueur de ses regards, loin de nuire à sa beauté, n’avait fait que substituer la frêle délicatesse de la femme charmante à la grâce majestueuse de la reine. Contre son habitude, sa toilette avait été faite avec précipitation : ses cheveux, qui étaient toujours arrangés avec soin par lady Fleming, s’échappaient par-dessous sa coiffure qu’elle avait ajustée à la hâte, et retombaient en longues et riches tresses bouclées par la nature sur un cou et un sein qui étaient un peu moins soigneusement voilés qu’à l’ordinaire.

Dès qu’elle mit le pied sur le seuil de la porte, Catherine, séchant promptement ses larmes, courut au-devant de sa royale maîtresse, et après s’être agenouillée à ses pieds et avoir baisé sa main, elle se releva aussitôt, et se plaçant de l’autre côté de la reine, elle parut vouloir partager avec lady Fleming l’honneur de la soutenir et de l’assister. Le page, de son côté, s’avança et rangea le fauteuil qu’elle occupait ordinairement ; puis, ayant disposé le coussin et le marche-pied pour la recevoir, il se recula,