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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/388

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— Quant à votre plan, » dit George Douglas s’adressant à Seyton, comme s’il continuait à parler de ce dont ils s’entretenaient auparavant, « cela est fort bien ; mais, avec votre permission, vous êtes trop vif et trop jeune ; en outre d’autres raisons vous empêchent de jouer le rôle pour lequel vous vous proposez.

— Sur cela vous consulterez le père abbé. Partirez-vous pour Kinross cette nuit ?

— Oui, c’est mon intention ; la nuit sera sombre et convenable à un homme qui veut n’être point reconnu. Keltie, j’oubliais qu’il faudrait placer une pierre sur le tombeau de cet homme : l’inscription rappellera son nom et son seul mérite, lequel consistait dans sa qualité de fidèle serviteur des Douglas.

— Quelle était la religion de cet homme ? il se servait d’expressions qui me faisaient craindre d’avoir envoyé à Satan un sujet avant son temps.

— Je puis vous dire peu de chose là-dessus ; on le remarquait comme un être qui n’aimait ni Rome, ni Genève, et qui parlait des lumières qu’il avait reçues des sectateurs de la basse Allemagne. C’était une mauvaise doctrine, si nous en jugeons par ses effets. Que Dieu nous garde de la présomption de juger ses décrets !

Amen ! ajouta le jeune Seyton, et qu’il me garde moi de faire aucune rencontre cette nuit !

— Ce n’est pas votre coutume de prier ainsi.

— Non, je vous en laisse le soin, répliqua le jeune homme, lorsque vous éprouvez quelques scrupules au moment de combattre les vassaux de votre père. Mais je voudrais bien que le sang de ce vieillard disparût de mes mains avant que j’en répandisse d’autre ; cette nuit je me confesserai à l’abbé, et je crois que j’aurai une légère pénitence pour avoir purgé la terre d’un semblable mécréant. Tout ce qui m’afflige c’est qu’il n’ait pas été de vingt années plus jeune ; cependant il a dégainé le premier : c’est toujours une consolation. »