Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/393

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— Un Seyton frappe rarement deux fois ; mais le corps n’a pas été dépouillé, et le paquet de Votre Seigneurie sera porté à Édimbourg par Auchtermuchty, qui partira demain matin de bonne heure ; il a bu deux bouteilles d’aquavita pour se remettre de sa frayeur, et il dort maintenant à côté de sa charrette. »

Lorsque ce fatal récit fut achevé, il y eut un moment de silence. La reine et lady Douglas se regardaient l’une l’autre, comme si chacune d’elles pensait à tourner l’événement à son avantage dans la dispute qui existait continuellement entre elles. Catherine Seyton couvrit ses yeux de son mouchoir et pleura. « Vous voyez, madame, les sanglantes pratiques des papistes, commença lady Lochleven.

— Eh ! madame, répliqua la reine, dites plutôt que vous voyez le jugement du ciel sur l’empoisonneur calviniste.

— Dryfesdale n’était pas de l’Église de Genève ou d’Écosse, » dit lady Lochleven vivement.

« Il était hérétique, quoi qu’il en soit, répliqua Marie ; il n’y a qu’un guide vrai et certain, les autres conduisent à l’erreur.

— Eh bien, madame, j’espère que cela vous réconciliera avec votre retraite, et que cette action vous montrera quel est le caractère de ceux qui prétendent vous mettre en liberté. Ce ne sont que des querelleurs altérés de sang, depuis le clan Ranald et celui de Tosach dans le nord, jusqu’aux Fernihest et aux Buccleuch dans le midi… depuis les homicides Seyton à l’est jusqu’aux…

— Il me semble, madame, que vous oubliez que je suis un Seyton ? » dit Catherine en se découvrant le visage qui était alors rouge d’indignation.

« Et quand je l’aurais oublié, la belle, votre demande hardie m’en ferait ressouvenir.

— Sachez que si mon frère a tué l’infâme qui voulait empoisonner sa souveraine et sa propre sœur, dit Catherine, je suis seulement fâchée qu’il ait prévenu le bourreau. Bien plus, ce misérable eût-il été même le plus vaillant des Douglas, il aurait été honoré de tomber sous l’épée de Seyton.

— Adieu, la belle, » dit lady Lochleven se levant et se retirant ; « des filles telles que vous mettent les disputes à la mode, et rendent les querelles sanglantes. Il ne faut rien moins que de pareils exploits pour se mettre dans les bonnes grâces de quelques évaporées qui pensent traverser la vie comme si elles dansaient une gaillarde française. » Elle fit ensuite une révérence à la reine, et