Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/418

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reine fut sur le point de descendre de cheval, Henri Seyton, prévenant Douglas, la reçut dans ses bras, et mettant un genou en terre, pria Sa Majesté d’entrer dans la maison de son père, son fidèle serviteur.

« Votre Majesté, ajouta-t-il, peut se reposer ici en parfaite sûreté. La maison est déjà pourvue d’une garnison assez forte pour la défendre ; tout à l’heure j’ai envoyé un exprès à mon père pour l’informer de votre évasion, et il arrive à la tête de cinq cents hommes : c’est pourquoi vous ne devez pas vous inquiéter si votre sommeil se trouvait interrompu par le bruit des chevaux, le tumulte ne serait occasionné que par l’arrivée d’un renfort de braves vassaux de Seyton.

— Et une reine d’Écosse ne peut être gardée par de meilleurs amis, répliqua Marie. Rosabelle a été aussi vite que la brise d’été, et avec autant de douceur ; mais il y a long-temps que je n’ai voyagé, et je sens que le repos me sera salutaire. Catherine, ma mignonne, vous dormirez cette nuit dans mon appartement, et me recevrez dans le château de votre père. Vous tous, mes libérateurs, agréez mes remercîments : des remercîments et une bonne nuit, c’est tout ce que je puis vous offrir maintenant ; mais si je ressaisis une fois la roue de la Fortune, elle ne m’aveuglera pas. Marie Stuart tiendra les yeux ouverts et distinguera ses amis. Seyton, je n’ai pas besoin de recommander le vénérable abbé, Douglas et mon page, à vos soins et à votre hospitalité. »

Henri Seyton salua, et Catherine et lady Fleming suivirent la reine dans son appartement, où, leur avouant qu’il lui serait difficile en ce moment de tenir la promesse qu’elle venait de faire d’avoir les yeux ouverts, elle s’abandonna au sommeil. Il était grand jour lorsqu’elle se réveilla.

La première pensée de Marie, lorsqu’elle ouvrit ses paupières, se tourna vers le doute de sa liberté ; elle ne put s’empêcher de s’élancer hors de son lit ; et ayant jeté à la hâte son manteau sur ses épaules, elle se mit à regarder par la fenêtre de son appartement. Ô vue délicieuse ! au lieu des linceuls de cristal de Lochleven, un beau paysage agité par un vent frais se déployait devant elle, et le parc qui entourait le château était occupé par les troupes de ses fidèles gentilshommes, tous si chers à son cœur.

« Levez-vous, levez-vous, Catherine ! » s’écria la princesse dans son ravissement ; « devez-vous et venez ici !… Des épées et des lances sont dans des mains dévouées, et des armures brillent sur