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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/431

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de les rejoindre ; ont-ils des nerfs de fil de métal et de la chair de bronze ? sont-ils à l’épreuve du plomb et de l’acier ? S’ils ne sont pas invulnérables, révérend père, nous n’avons pas grand’chose à craindre.

— Ce sont de méchants hommes, dit l’abbé : mais le métier des armes ne demande pas des saints. Murray et Morton sont connus pour être les meilleurs généraux de l’Écosse ; jamais on ne vit reculer Lindesay ou Ruthven ; le connétable de Montmorency nommait Kirkaldy de Grange le premier soldat d’Europe ; mon frère, qui porte un trop beau nom pour une telle cause est bien connu depuis long-temps pour un soldat.

— Tant mieux ! tant mieux ! » s’écria Seyton d’un air triomphant ; nous aurons tous ces traîtres de rang et de nom sur un beau champ de bataille devant nous. Notre cause est la meilleure, notre nombre est le plus fort, notre courage et nos bras valent les leurs… Par saint Bennet, en avant ! »

L’abbé ne fit aucune réponse, mais sembla se perdre dans ses réflexions ; et ses craintes se communiquèrent en quelque sorte à Roland d’Avenel, qui, à l’instant où la marche conduisait l’armée sur une hauteur, jeta un regard inquiet vers les tours de Glasgow, comme s’il s’attendait à voir les ennemis en sortir. Ce n’était pas qu’il craignît le combat, mais les suites étaient d’une extrême importance pour sa patrie et pour lui-même, et déjà le feu naturel de son courage commençait à brûler avec moins de vivacité quoique avec plus de chaleur. L’amour, l’honneur, la fortune, tout semblait dépendre des suites d’un combat hasardé témérairement, mais maintenant inévitable.

Lorsqu’enfin la marche du corps de bataille vint à suivre une ligne parallèle à la ville de Glasgow, Roland vit que les hauteurs qui se trouvaient en face étaient déjà en partie occupées par des troupes qui déployaient aussi la bannière écossaise. Ces troupes allaient être soutenues par une colonne d’infanterie et un escadron de cavalerie, que la ville avait vus sortir de ses portes. Cavalier sur cavalier arrivaient de l’avant-garde avec la nouvelle que Murray occupait la colline avec toute son armée ; que son but était d’arrêter la marche de la reine, et son projet de hasarder une bataille. Ce fut alors que l’esprit des soldats fut soumis à une épreuve soudaine et sévère ; ceux qui avaient trop facilement présumé qu’ils pourraient passer sans combattre furent tant soit peu déconcertés en se voyant aussitôt en face d’un ennemi résolu à