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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/51

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sens et d’intelligence, quoiqu’il manque d’application. Je lui donnerai moi-même des lettres de recommandation pour Olearius Schinderhausen, savant professeur à la célèbre université de Leyde, où l’on a besoin d’un sous-concierge : là, indépendamment de l’instruction gratuite, si Dieu lui donne la grâce d’en profiter, il recevra cinq marcs par année, plus les vieux habits du professeur, qui renouvelle son costume tous les deux ans.

— Ce plan ne saurait convenir, mon cher monsieur Warden, » dit la dame, pouvant à peine retenir un sourire ; « nous penserons de nouveau à cette affaire. En attendant, je compte sur vous pour démontrer à ce malheureux enfant, ainsi qu’à toute notre maison, la nécessité de réprimer ces violents accès de jalousie et de colère ; je vous supplie de leur faire sentir quels sont leurs devoirs à cet égard envers Dieu et envers leur maître.

— Vous serez obéie, madame, dit Warden. Jeudi prochain, j’adresserai une exhortation à la famille : avec l’aide de Dieu, je lutterai centre le démon de la colère et de la violence qui s’est introduit dans mon petit troupeau, et je me flatte de chasser le loup de la bergerie, comme s’il était poursuivi par une meute tout entière. »

Cette partie de la conférence fut la plus agréable à M. Warden. La chaire était, à cette époque, un instrument aussi puissant pour exciter l’esprit public que la presse l’est devenue depuis, et, ainsi que nous l’avons déjà vu, le chapelain d’Avenel avait eu des succès comme prédicateur. Il s’ensuivait naturellement qu’il s’exagérait un peu la puissance de ses talents oratoires, et que, comme plusieurs de ses confrères dans ces temps de troubles, il était charmé de trouver l’occasion de faire entrer dans ses discours des sujets importants de discussion, qui présentaient un intérêt public ou particulier. Dans ce siècle grossier on n’avait aucune idée de cette délicatesse qui prescrit le temps et le lieu propres à une exhortation personnelle : comme le prédicateur de la cour adressait souvent la parole au roi lui-même, et lui dictait la conduite qu’il devait tenir dans les affaires de l’état, de même l’aumônier d’un château féodal entreprenait souvent, en pleine chapelle, de discuter la conduite privée du seigneur ou de quelque membre de sa famille, et, selon les cas, il l’encourageait à persévérer dans le bien, ou dirigeait contre lui les censures spirituelles ; et tout cela, sans généralités, sans détours, sans épargner les noms propres.

Le sermon au moyen duquel Henri Warden se proposait de ré-