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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/332

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— Mais, mon cher Dickie, » reprit Wayland, qui connaissait trop bien le caractère inquiet et remuant du jeune garçon pour ne pas craindre son inimitié, « Arrête, mon enfant, ne quitte pas aussi brusquement un ancien ami ! Tu sauras un jour tout ce que je sais au sujet de la dame.

— Oui, et ce jour viendra une de ces nuits. Porte-toi bien, Wayland… Je vais retrouver mon ami aux formes gigantesques, lequel, s’il n’a pas autant d’esprit que certaines gens, est du moins plus reconnaissant des services qu’on lui rend. Bonsoir donc une seconde fois. »

En parlant ainsi, il franchit la porte d’une gambade, traversa le pont, courut avec cette agilité extraordinaire qui était un de ses attributs particuliers, vers la tour de la galerie, et fut hors de vue en un instant.

— Plaît à Dieu que j’eusse déjà quitté ce château ! se dit Wayland à lui-même ; car maintenant que ce maudit lutin a mis le doigt dans le plat, il ne peut manquer de trouver que c’est un mets digne de la bouche du diable. Ah ! si M. Tressilian pouvait paraître ! »

Tressilian, qu’il attendait avec tant d’impatience de ce côté, venait de rentrer à Kenilworth par une autre porte, ainsi que Wayland l’avait supposé, et il était parti dès le matin pour Warwick avec les deux comtes, non sans quelque espoir d’avoir dans cette ville des nouvelles de son émissaire. Trompé dans son attente, et ayant aperçu, parmi les personnes de la suite de Leicester, Varney qui avait l’air de vouloir l’aborder et lui adresser la parole, il pensa que, dans l’état actuel des choses, le plus sage était d’éviter cette entrevue. Il quitta donc la salle d’audience au moment où le haut-shérif du comté était au milieu de sa respectueuse harangue à Sa Majesté, et montant à cheval, il retourna par un chemin détourné et peu fréquenté à Kenilworth, où il entra par une porte dérobée pratiquée dans le mur occidental du château. Cette porte lui fut ouverte aussitôt comme à un des gentilshommes de la suite du comte de Sussex, à qui Leicester avait ordonné de témoigner les plus grands égards. De là vint qu’il ne put rencontrer Wayland, qui attendait son arrivée avec tant d’impatience, et que de son côté il désirait pour le moins autant de rencontrer.

Ayant remis son cheval à la garde de son domestique, il se promena quelque temps dans l’endroit appelé la Plaisance, et dans le jardin, plutôt pour s’y livrer à ses réflexions avec plus de liberté que pour admirer ces prodiges de l’art et de la nature que Leices-