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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/122

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de traverser les montagnes en plein jour, sous le costume montagnard, lorsque la punition était si redoutable, et dans un moment où il y avait tant d’habits rouges dans le pays.

« Ne craignez rien pour moi, ma mère, répondit Hamish d’un ton propre à la rassurer, bien qu’avec une sorte d’embarras ; je puis porter le tartan à la porte du fort Auguste, si cela me fait plaisir.

— Oh ! pas trop de hardiesse, mon bien-aimé Hamish, quoique ce soit le défaut qui convient le mieux au fils de ton père, pas trop de hardiesse ! Hélas ! ils ne combattent plus, comme jadis, à armes égales, et à nombre égal ; mais ils prennent avantage du nombre et des armes : le faible et le fort sont de niveau devant le coup de fusil d’un enfant. Et parce que ta mère te parle ainsi, ne me crois pas indigne d’être appelée ta mère et la veuve de ton père : Dieu sait que, d’homme à homme, je te mettrais moi-même en face du plus brave du comté de Breadalbane et même de celui de Lorne.

— Je vous assure, ma chère mère, qu’il n’y a aucun danger à craindre pour moi. Mais avez-vous vu Mac Phadraick, ma mère ? que vous a-t-il dit à mon sujet ?

— Il m’a laissé de l’argent en abondance, Hamish ; mais la meilleure de ses consolations fut l’assurance qu’il me donna de te voir bientôt. Pourtant, méfie-toi de Mac Phadraick, mon fils ; car, lorsqu’il se disait l’ami de ton père, il faisait plus de cas du dernier bœuf de son troupeau que du sang nécessaire à la vie de Mac Tavish Mhor. Use donc de ses services, et récompense-les à prix d’argent, car c’est ainsi que l’on doit agir avec ceux qui ne méritent pas notre estime ; mais suis mon conseil, ne te fie pas à lui. »

Hamish ne put étouffer un soupir qui sembla dire à Elspat que son avis venait trop tard.

« Qu’as-tu donc fait avec lui ? » demanda-t-elle précipitamment et du ton de l’effroi.

— « J’ai reçu de l’argent de lui, et c’est une chose qu’il ne donne pas sans en avoir reçu la valeur ; il n’est pas de ceux qui échangent de l’orge pour de la paille.

— Oh ! si tu te repens de ton marché, et qu’il soit de nature à être rompu sans déshonneur, renvoie-lui son argent, et ne te fie plus à ses belles paroles.

— Cela ne se peut, ma mère ; je ne me repens point de mon engagement, je ne me plains que de ce qu’il m’oblige à vous quitter bientôt.