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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/128

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cherchant vainement à l’œil observateur de sa mère une émotion intérieure, qu’elle résolut de sonder plus avant.

« Et cette punition, » reprit-elle avec un calme affecté que son regard étincelant désavouait, « cette punition est celle d’un chien désobéissant, n’est-ce pas ?

— Ne m’en demandez pas davantage, ma mère : le châtiment n’est rien pour celui qui ne le méritera jamais.

— Il est quelque chose pour moi, puisque je sais que, là où est le pouvoir de punir, là est souvent la volonté de le faire sans cause. Je voudrais prier pour toi, Hamish, et je voudrais connaître les maux auxquels tu vas t’exposer, pour en préserver ton innocence et ta jeunesse, en implorant celui qui là-haut veille sur nous tous.

— Ma mère, peu importe quel châtiment est réservé au coupable, lorsqu’on est déterminé à ne jamais le devenir. Nos chefs montagnards avaient coutume aussi de punir leurs vassaux, et très-sévèrement, à ce que j’ai ouï dire. N’est-ce pas Lachlan Mac Jan qui eut jadis la tête tranchée par ordre de son chef, pour avoir tiré sur le cerf avant lui ?

— Oui, et il avait mérité de la perdre, puisqu’il avait déshonoré le père du peuple, à la face même du clan assemblé. Mais les chefs exerçaient noblement leur colère : ils punissaient avec une arme tranchante et non avec le bâton. Leur châtiment faisait couler le sang, mais n’avilissait pas le coupable. Peux-tu en dire autant des lois sous le joug desquelles tu as courbé cette tête que le ciel avait créée libre ?

— Je ne le puis, ma mère, je ne le puis, » dit Hamish avec tristesse. « Je les ai vus punir un enfant de Sassenach, pour avoir déserté son drapeau, comme ils disent. Il a été fustigé, je l’avoue, fustigé comme un misérable limier qui a offensé un maître impérieux. Ce spectacle me rendit malade, je l’avoue encore ; mais le châtiment des chiens n’est réservé qu’à ceux qui sont pires que des chiens et qui ne savent pas garder leur parole religieusement.

— C’est pourtant à cette infamie que tu t’es assujetti, Hamish, si tu donnes à tes chefs quelques motifs de mécontentement, ou qu’ils en trouvent eux-mêmes justement ou non. Mais je ne veux plus te rien dire à ce sujet. Si le sixième jour après celui-ci était mon jour de mort, et qu’il t’arrivât de rester pour me fermer les yeux, tu courrais risque d’être battu comme un chien attaché à un poteau : oui ! à moins que tu n’eusses le cœur assez coura-