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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/146

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honneur, je le tiens d’une suite de nobles et braves ancêtres, et il ne doit être souillé ni par le fait d’aucun homme ni par le discours d’aucune femme. Que ferai-je ? Peut-être moi-même l’ignoré-je encore ; mais ne me tentez pas davantage par vos reproches et vos paroles amères. Vous m’avez déjà fait plus de blessures que vous ne pourrez jamais en guérir.

— C’est bien, mon fils, ne crains plus de moi ni plaintes ni reproches ; désormais gardons le silence et attendons ce que le ciel nous réserve. »

Le lendemain le soleil trouva la cabane silencieuse comme le tombeau. La mère et le fils étaient levés et s’occupaient chacun de son côté. Hamish frottait et nettoyait ses armes avec le plus grand soin, mais avec l’air du plus profond abattement. Elspat, plus agitée, préparait la nourriture que les tourments et les troubles de la veille leur avaient fait oublier. Dès qu’elle fut prête, elle la plaça sur la table devant son fils, et répéta ces paroles du poète des montagnes : « Sans la nourriture journalière, la main du laboureur manque de force et le soc de la charrue reste dans le sillon. Sans la nourriture de chaque jour, l’épée du guerrier est trop pesante pour son bras. Notre corps est notre esclave, mais nous devons le nourrir, si nous voulons qu’il nous serve. Ainsi parlait le barde aveugle des anciens jours aux guerriers de Fion. »

Le jeune homme ne répondit rien ; mais il accepta la nourriture placée devant lui, comme s’il eût voulu recouvrer de nouvelles forces pour la scène à laquelle il s’attendait. Lorsque sa mère jugea qu’il avait mangé suffisamment, elle remplit de nouveau la coupe fatale, et la lui offrit pour terminer le repas. Mais tressaillant à cet aspect, il la repoussa d’un mouvement convulsif, qui exprimait à la fois la crainte et l’horreur.

« Non, mon fils, dit-elle, cette fois tu n’as aucun motif de crainte.

— Ne me pressez pas, ma mère, répondit Hamish, mettez plutôt dans un vase le crapaud venimeux, et je boirai ; mais quant à cette coupe maudite, elle n’approchera jamais de mes lèvres, non plus que la liqueur qui est la ruine de l’âme.

— Comme vous voudrez, mon fils, » répliqua Elspat avec hauteur ; et alors elle se remit avec un empressement apparent aux travaux domestiques interrompus pendant le jour précédent. Quelle que fût l’anxiété de son cœur, elle sut la dissimuler dans ses regards et dans ses manières. Seulement, à la vivacité extrême de ses mouvements, et à son activité extraordinaire, un observa-