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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/177

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CHAPITRE II.

le combat.


Fut-il jamais deux amis si tendres ? Comment purent-ils se désunir ? Voici comment : il lui était bien cher ; il voulait le lui prouver ; et comme il n’avait pas d’autre ami, il résolut de se battre avec lui.
Duc contre Duc.


Les deux amis avaient traversé, avec leur cordialité ordinaire, les gras pâturages de Lidderdale, et laissé derrière eux la partie du Cumberland appelée emphatiquement le Désert. Dans ces régions solitaires, les bestiaux confiés à la garde de nos bouviers pouvaient se nourrir à bon marché en broutant l’herbe le long de leur chemin, et quelquefois en cédant à la tentation séduisante d’envahir d’un saut le pré d’un voisin. Mais maintenant la scène allait changer d’aspect : ils descendaient vers un pays, vers des champs entourés de clôtures, où des libertés de ce genre ne pouvaient être prises impunément et sans quelque arrangement ou quelque marché préalable avec les propriétaires de ces terrains. Il était pourtant nécessaire de prendre quelque mesure de ce genre ; car on était à la veille d’une grande foire de bestiaux, qui devait avoir lieu dans le nord, et où nos deux bouviers espéraient vendre une partie de leurs bœufs, qu’il était nécessaire de conduire au marché reposés et en bon état. On ne pouvait obtenir des pâturages que difficilement et à un prix très-élevé. Cette nécessité occasionna une séparation momentanée entre les deux amis, qui allèrent, chacun de son côté, faire leurs arrangements, et pourvoir aux besoins de leur troupeau comme ils le pouvaient. Malheureusement il arriva que tous deux, à l’insu l’un de l’autre, firent marché pour un terrain appartenant à un gentilhomme campagnard assez riche, dont les terres étaient situées dans le voisinage. Le bouvier anglais s’adressa au bailli du domaine, qu’il connaissait. Il arriva que le gentillâtre du Cumberland, qui avait quelques soupçons sur la probité de son agent, prenait alors des mesures pour s’assurer jusqu’à quel point ils étaient fondés, et avait or-