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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/298

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sité ne l’avait jamais porté à examiner la chose à fond. Néanmoins, ce dont il s’aperçut l’intéressa si vivement, qu’il résolut de tenter une petite épreuve à laquelle il ne voyait pas grand mal. Il mit à son doigt l’anneau remarquable confié à ses soins par Richard Middlemas, et tâcha de le placer en évidence en s’approchant de mistress Witherington, ayant soin néanmoins que la chose eût lieu pendant l’absence du mari. Les yeux de la dame n’eurent pas plus tôt aperçu la bague, qu’ils y demeurèrent attachés, et elle demanda à la voir de plus près, disant qu’elle ressemblait étonnamment à un anneau qu’elle avait donné à un ami. Ôtant la bague de son doigt, et la posant dans la main amaigrie de la dame, il lui apprit qu’elle appartenait à l’ami en faveur duquel il avait lâché d’intéresser le général. Mistress Witherington se retira vivement émue ; mais le jour suivant, elle osa demander à Hartley un entretien particulier, dont les détails pour la partie qu’il sera nécessaire d’en connaître, seront rapportés plus tard.

Le jour qui suivit ces importantes découvertes, Middlemas, à sa grande joie, fut enfin tiré de sa retraite dans l’hôpital, et fut transporté dans la ville de Reide, à la maison qu’occupait son camarade, mais où il ne le trouvait que fort rarement, l’inquiétude maternelle de mistress Witherington le retenant chez le général long-temps après que ses soins comme médecin avaient cessé d’être nécessaires.

Dans l’espace de deux ou trois jours, une commission de lieutenant dans le service de la compagnie des Indes orientales arriva pour Richard. Winter, d’après l’ordre de son maître, mit la garde-robe du jeune officier sur un pied convenable ; tandis que Middlemas, enchanté de se trouver tout à la fois hors de sa terrible position et sous la protection d’un homme aussi important que le général, obéit implicitement aux avis qui lui furent donnés par Hartley, et répétés par Winter : il s’abstint de se montrer en public, et de contracter aucune liaison. Il ne vit Hartley lui-même que rarement et quelque grandes que fussent ses obligations, il ne regretta peut-être pas beaucoup d’être privé de la société d’un homme dont la présence lui inspirait toujours un sentiment d’humiliation et de honte.