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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/318

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senterait. Bientôt après, on lui annonça qu’une place de chirurgien, plus honorable et plus lucrative, lui était accordée, mais assez loin de Madras, de sorte qu’il lui fallut quitter pour quelque temps cette ville et ses environs.

Hartley partit donc pour sa destination lointaine, et l’on remarqua qu’après son départ le caractère de Middlemas, comme s’il eût été délivré de quelque entrave, se montra sous des couleurs moins agréables. Il devint évident que ce jeune homme, dont les manières étaient si prévenantes et si courtoises durant les premiers mois qui suivirent son arrivée dans l’Inde, commençait alors à manifester un esprit hautain et tyrannique. Il avait adopté, pour des raisons que le lecteur peut comprendre, mais qui semblaient au fort Saint-George n’être qu’un pur caprice, le nom de Tresham, qu’il ajoutait à celui sous lequel on l’avait désigné jusqu’alors, et il persistait à le porter, avec une obstination qui appartenait plus à l’orgueil qu’à l’astuce de son caractère. Le lieutenant-colonel du régiment, vieux soldat un peu bourru, n’était pas d’humeur à passer cette fantaisie au capitaine ; car tel était le grade qu’avait obtenu Middlemas.

« Je ne connais pas mes officiers, disait-il, sous d’autres noms que ceux qu’ils portent dans leurs commissions, » et il Middlemassait le capitaine en toute occasion.

Un soir fatal, le capitaine fut tellement blessé, qu’il déclara d’un ton péremptoire « connaître son propre nom mieux que personne.

— Ma foi, capitaine Middlemas, répliqua le colonel, il n’est pas d’enfant qui connaisse son propre père ; comment donc un homme peut-il être sûr de son propre nom ? »

Le coup était tiré au hasard, mais il trouva le défaut de l’armure, et le trait entra profondément. En dépit de tous les accommodements qui furent tentés, Middlemas persista à vouloir se battre avec le colonel, qu’on ne put décider à faire des excuses.

« Si le capitaine Middlemas, dit-il, trouve que le chapeau lui sied, il est bien libre de le porter. »

Le résultat fut un rendez-vous dans lequel, après que les deux parties eurent tiré inutilement, les seconds voulurent intervenir comme médiateurs. Leur médiation fut rejetée par Middlemas qui, au second coup, eut le malheur de tuer son officier supérieur. En conséquence, il fut obligé de fuir loin des établissements anglais : car universellement blâmé pour avoir poussé la querelle jusqu’à