Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
7
INTRODUCTION.

je ne pouvais trouver une meilleure occasion de mettre publiquement de côté un déguisement qui commençait à ressembler à un masque reconnu.

Je fus donc dans l’obligation pénible de m’avouer, devant une société nombreuse et respectable, pour le seul et unique auteur de ces romans Waverley, dont la paternité semblait destinée à soulever un jour une piquante controverse. Je crois maintenant devoir ajouter que, tout en prenant sur moi seul le mérite et le démérite de ces compositions, je reconnais avec gratitude qu’il m’a été communiqué de différentes parts des légendes et des idées qui ont servi de base à plusieurs de mes compositions, ou qui y ont trouvé place en forme d’épisodes. Je signalerai surtout la constante obligeance de M. Joseph Train, inspecteur de l’excise à Dumfries, aux recherches infatigables duquel j’ai été redevable de plusieurs traditions intéressantes et de quelques faits dignes de la curiosité d’un antiquaire. Ce fut M. Train qui me remit en mémoire l’histoire du Vieillard des tombeaux, quoique j’eusse eu moi-même, vers l’an 1792, une entrevue personnelle avec ce célèbre personnage, que j’avais trouvé livré à sa tâche habituelle. Il s’occupait alors de réparer les pierres tumulaires des presbytériens morts, pendant leur captivité, dans le château de Dunnotar, où un assez grand nombre de ces sectaires avaient été renfermés à l’époque du soulèvement d’Argile. Le lieu de leur réclusion est encore appelé la Prison des Whigs. M. Train me procura cependant sur ce singulier personnage des renseignements étendus que je n’avais pu obtenir de lui-même durant une courte conversation. Il était, comme j’ai pu le dire quelque autre part, natif de la paroisse de Closeburn, dans le comté de Dumfries ; et l’on croit que des chagrins domestiques, joints à un sentiment de dévotion, l’engagèrent à se livrer au genre de vie errante qu’il mena pendant si long-temps. Plus de vingt ans se sont écoulés depuis la mort de Robert Patterson, laquelle arriva sur la grande route près de Lockerby, où on le trouva expirant. Le petit pony blanc, compagnon de tant de pèlerinages, était à côté de son maître mourant, et le tout formait un tableau qui n’était pas indigne d’un pinceau habile. Ce fut M. Train qui m’apprit ces détails.

Une autre dette que je m’empresse d’acquitter est celle que j’ai contractée envers une correspondante inconnue : il s’agit d’une dame[1] qui me fit la faveur de me communiquer l’histoire d’une per-

  1. Feu mistress Goldie.