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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/162

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ce genre d’amusement me plaise davantage, à mesure que je parviens à y mieux réussir.

Et maintenant, mon cher Alan, vous êtes en pleine possession de mon secret. — Montrez-moi, avec autant de franchise, les replis de votre cœur. Quel sentiment vous anime à l’égard de ce bel ignis fatuus, de ce lis du désert ? Répondez en conscience ; car, bien que son souvenir puisse parfois se présenter à mon esprit, mon amitié pour Alan Fairford surpasse tout l’amour dont je puis brûler pour une femme. Je sais aussi que, quand vous aimerez, ce sera

« Pour aimer une fois et pour ne plus aimer. »


Une passion allumée dans un cœur aussi constant que le vôtre ne s’éteindra jamais qu’avec la vie. Je suis d’un naturel différent et plus volage ; et, quoique je doive ouvrir votre première lettre d’une main tremblante et le cœur palpitant d’incertitude, néanmoins qu’elle m’apporte l’aveu franc que cette belle inconnue a produit sur votre gravité une impression plus profonde que vous ne vous y attendiez, et vous verrez que je puis arracher la flèche de ma propre blessure, barbe et bois ! En attendant, quoique j’aie formé plus d’un projet pour voir la belle Lilias, je ne ferai aucun pas, vous pouvez y compter, pour les mettre à exécution. Je m’en suis abstenu jusqu’à présent, et je vous donne ma parole d’honneur que je continuerai à m’en abstenir. D’ailleurs, pourquoi auriez-vous besoin d’assurances plus formelles de la part d’un ami qui vous est aussi complètement dévoué que D. L. ?

P. S. — Je serai sur les épines jusqu’à ce que j’aie reçu votre réponse. Je lis et relis votre lettre, et je ne puis, sur mon âme, découvrir quels sont vos véritables sentiments. Parfois je pense que vous m’avez écrit à son sujet pour plaisanter, — et parfois j’incline pour le contraire. Tirez-moi d’incertitude aussitôt que possible.