Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La rage de raconter, mon cher Alan (car je n’abandonnerai jamais l’espérance que ce que j’écris en ce moment vous parviendra un jour), ne m’a point quitté même durant ma détention ; et les détails étendus, quoique peu importants, dans lesquels je suis entré me mettent dans la nécessité de commencer une autre feuille. Heureusement, mon écriture très-fine me permet de renfermer beaucoup de choses en un petit espace.


CHAPITRE IV.

CONTINUATION DU JOURNAL DE DARSIE LATIMER.

L’ATTAQUE.


Le jour commençait à paraître, et M. Geddes et moi nous dormions encore profondément, lorsque l’alarme fut donnée par mon camarade de lit. D’abord le jeune chien grogna par intervalles mais assez fort, et ensuite il donna une marque plus évidente de l’approche d’un ennemi. J’ouvris la porte de la chaumière, et j’aperçus, à la distance d’environ deux cents pas, une colonne d’hommes, petite, mais très-serrée : je l’aurais prise pour une haie, si je n’avais pu observer qu’elle avançait rapidement et en silence.

Le chien s’élança vers eux, mais revint presque aussitôt se cacher en grondant derrière moi, après avoir été probablement châtié d’un coup de bâton ou de pierre. Ignorant quelle espèce de tactique ou de traité M. Geddes pourrait juger convenable d’adopter, j’allais rentrer dans la hutte ; lorsqu’il me rejoignit soudain à la porte, et passant son bras dans le mien, me dit : « Allons bravement à leur rencontre ; nous n’avons rien fait dont nous ayons à rougir. — Amis, » leur cria-t-il en élevant la voix lorsque nous fûmes près d’eux, « qui êtes-vous ? d’où venez-vous ? dans quelle intention êtes-vous ici, sur ma propriété ? »

De bruyantes acclamations furent la réponse qu’il reçut, et deux joueurs de violon qui marchaient en tête de la troupe se mirent aussitôt à jouer l’air dont les paroles commencent par :