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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/222

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CHAPITRE V.

CONTINUATION DU JOURNAL DE DARSIE LATIMER.

LA PRISON.


J’avais passé, dans mon lit, deux ou trois jours, peut-être plus, peut-être moins ; j’étais attentivement soigné, et traité, je crois, avec autant de précaution que le cas l’exigeait ; j’obtins la permission de me lever, sinon de quitter la chambre. Je fus alors plus à même de faire mes observations sur le lieu de ma captivité.

La pièce que j’occupais ressemblait, pour l’aspect et l’ameublement, au meilleur appartement de la maison d’un fermier ; il était au second étage, et la fenêtre avait vue sur une basse-cour remplie de volailles. Alentour on voyait tous les bâtiments nécessaires à un ménage. Ainsi je pus distinguer la brasserie et la grange, et j’entendis, mais dans le lointain, le mugissement des bestiaux ; tout cela annonçait une ferme considérable et bien montée. Tout ce que je voyais et j’entendais était propre à bannir de mon esprit toute idée de violence. Néanmoins les bâtiments paraissaient anciens et solides, une partie du toit était crénelée, et les murailles avaient une grande épaisseur ; enfin j’observai, avec quelques sensations désagréables, que les fenêtres de mon appartement avaient été depuis peu munies de barres de fer, et que les domestiques qui m’apportaient à manger, ou qui venaient dans ma chambre pour remplir toute autre fonction, fermaient toujours la porte à double tour en se retirant.

Les agréments et la propreté de ma chambre étaient d’un genre véritablement anglais, et tels que je n’en avais jamais vu de l’autre côté de la Tweed ; la très-antique boiserie qui recouvrait les murs et même le plancher était frottée avec un soin que la ménagère écossaise accorde rarement même aux meubles les plus coûteux.

L’appartement approprié à mon usage se composait de la chambre à coucher et d’un petit salon adjacent, sur lequel ouvrait un cabinet encore plus petit ayant une étroite fenêtre qui semblait avoir servi autrefois de meurtrière ; cette embrasure laissait