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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/234

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— Je serai franc : je ne puis me rappeler qu’on m’ait appelé ainsi en Angleterre ; mais je ne me souviens pas davantage de l’époque où ce nom me fut donné pour la première fois ; et si l’on doit tirer des inductions de cet interrogatoire et de mes réponses, je voudrais qu’on prît en considération l’âge que j’avais alors.

— Hum — oui — sans doute, dit le juge de paix, tout ce qui exige considération sera dûment considéré. Jeune homme, — eh ! je voudrais savoir le nom de vos père et mère. »

C’était rouvrir une blessure qui saignait depuis longues années, et je n’endurai pas cette question aussi patiemment que celles qui l’avaient précédée ; je repartis : « Je demande à mon tour à savoir si je suis devant un juge de paix anglais ?

Sa Seigneurie le squire Foxley de Foxley-Hall est depuis vingt ans du Quorum[1], dit maître Nicolas.

— Alors il doit savoir, ou vous-même, monsieur, comme son greffier, vous devriez lui apprendre que je suis le plaignant dans cette affaire, et qu’il doit écouter ma plainte avant de me soumettre à un interrogatoire.

— Hum — mais ! — quoi ! — hé ! — il y a quelque chose là dedans, voisin, » dit le pauvre juge de paix qui, démonté à chaque argument que je lui pouvais lancer, paraissait désirer d’obtenir la sanction de son confrère le squire.

« Je vous admire, Foxley, » répliqua son ami moins facile à embarrasser ; « comment pouvez-vous rendre justice à ce jeune homme sans savoir qui il est ?

— Ah ! — oui — parbleu ! c’est vrai ; et maintenant — considérant l’affaire de plus près, — il n’y a, hé ! au total — rien dans tout ce qu’il a dit : — donc, monsieur, il faut déclarer le nom et le prénom de votre père.

— C’est une chose à moi impossible, monsieur ; je ne les connais pas, puisque vous voulez en savoir si long sur mes affaires privées. »

Le juge de paix garda un long afflatus de sa pipe dans ses joues qui devinrent bouffies comme celles d’un chérubin hollandais, tandis que les yeux semblaient lui sortir de tête, par l’effort avec lequel il retenait sa respiration. Il lâcha alors l’énorme bouffée ; — Pou… out ! — houm ! — pouf ! — ha ! — vous ne connaissez pas vos parents, jeune homme ? — Alors je dois vous envoyer en prison

  1. Commission des juges de paix. a. m.