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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/26

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particulier, une lettre par la poste eût été chose fort utile, — ils n’eurent jamais de correspondance ; car probablement ils ne savaient pas écrire, et certainement ils n’avaient ni poste ni faculté d’affranchir pour s’envoyer leurs épanchements réciproques ; tandis que nous, au moyen de l’enveloppe affranchie que vous avez eue d’un noble pair[1], et que nous pouvons, en la cachetant avec soin et en l’ouvrant avec précaution, nous faire passer mille et mille fois, nous échapperons aux droits de poste de Sa Majesté, tout le temps que doit durer mon voyage. Ainsi, réjouissez-vous Alan ! Quelles missives je vais écrire, sans rien omettre de tout ce que je puis réunir de plaisant ou de curieux, dans l’intéressante tournée que j’entreprends ! Tout ce que je stipule, c’est que vous ne les communiquerez pas au Scotch Magazine[2] ; car, bien que vous ayez l’habitude de me complimenter d’assez mauvaise grâce sur ma réussite dans la plus légère branche de la littérature, aux dépens de ma capacité dans les matières plus graves de la jurisprudence, je ne suis pas encore assez audacieux pour entrer sous le portail que le savant Ruddiman a ouvert si charitablement aux acolytes des Muses. — Vale, sis memor meî.

D. L.

P. S. Adressez vos lettres ici, au bureau de la poste. Je laisserai des ordres pour qu’on me les envoie en quelque endroit que je puisse aller.


LETTRE II.

ALAN FAIRFORD À DARSIE LATIMER.


Negatur, mon cher Darsie : — vous êtes assez fort en logique et en droit pour comprendre le mot nier. Je nie votre conclusion. Les prémisses, je les admets, à savoir, qu’en montant sur cette maudite haridelle, j’ai pu articuler un son assez semblable à un soupir, quoique je pensasse qu’il se fût perdu dans les gémissements de cette bête poussive, et dans ses bruyants efforts pour reprendre haleine ; car, dans la complication de ses maux, elle

  1. Les membres du parlement jouissent du port franc pour leur correspondance. a. m.
  2. Le Magasin écossais, recueil périodique. a. m.