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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/358

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la tête de la troupe, et donna ses ordres. — « Qui connaît le mieux la maison ? demanda-t-il ensuite.

— Jack Skelton est catholique, » répondit Lowther.

— C’est là une religion diablement mauvaise, » répliqua Nanty, chez qui la haine pour le papisme était demeurée comme le seul reste de son éducation presbytérienne ; « mais je suis charmé pourtant qu’il y ait un catholique parmi nous. — Vous, Jack, en votre qualité de papiste, vous connaissez Fairladies, et les vieilles filles, j’ose le dire : sortez donc de la ligne et attendez ici avec moi. — Et vous, Collier, conduisez la bande jusqu’au bas de Walinford, suivez ensuite le ruisseau jusqu’à ce que vous arriviez au moulin, et là, Goodmann Grist le meunier, ou le vieux Peel-the-Causeway, vous dira où il faut décharger ; mais je vous aurai rejoints auparavant. »

Les chevaux chargés reprirent alors leur premier pas, tandis que Nanty et Jack Skelton attendaient le long de la route l’arrivée de l’arrière-garde. Alors rejoints par Jephson qui soutenait toujours Fairford, ils se mirent, au grand soulagement du jeune avocat, à marcher d’un pas moins rapide qu’auparavant, laissant le reste de la troupe les précéder, si bien que le bruit des chevaux et le retentissement des chaînes finirent par s’éteindre dans l’éloignement. Ils ne s’étaient pas encore éloignés d’une portée de pistolet de l’endroit d’où ils étaient partis, lorsqu’un petit détour les amena en face d’une vieille porte en ruine, dont les piliers pesants étaient décorés dans le style du dix-septième siècle, et couverts d’ornements d’une architecture grossière, dont la plupart étaient tombés de vieillesse et gisaient encore à terre, sans qu’on eût pris d’autre soin que celui de les écarter du milieu de l’avenue. Les grands piliers de pierre que la lune revêtait d’une teinte blanchâtre, pouvaient frapper une imagination romanesque comme des apparitions surnaturelles ; et l’air de négligence qu’on remarquait à l’entour donnait aux personnes qui parcouraient l’avenue une idée peu favorable de l’habitation.

« Il n’y avait pas de porte ici autrefois, » dit Skelton en trouvant le passage inopinément barré.

« Mais il y a une porte à présent et un portier aussi, » dit une grosse voix par derrière. Qui êtes-vous, et que demandez-vous à une pareille heure de la nuit ?

— Nous ayons besoin de parler à ces dames, — aux miss Ar-