Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/453

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même, vous aurez permission d’entrer dans la chambre qui lui sert de prison.

— Cette assurance ne me satisfait pas ; il faut que je voie mon ami sur-le-champ ; il est ici, et c’est pour moi seul qu’il s’est exposé au péril qu’il court en ce moment. J’ai entendu des exclamations violentes, — des cliquetis d’armes. Vous n’obtiendrez rien de moi avant que mes propres yeux m’aient convaincu qu’il est en sûreté.

— « Arthur, — mon cher neveu ! ne me rendez pas fou ! Votre destinée, — celle de votre maison, — celle aussi d’une multitude d’hommes, celle de la Grande-Bretagne elle-même, sont en ce moment dans la balance ; et vous ne songez, vous, qu’à la sûreté d’un pauvre chicaneur bien insignifiant !

— A-t-il donc éprouvé de mauvais traitements de votre part ? » s’écria Darsie avec fierté. « Oui, j’en suis certain ; mais dans ce cas, notre parenté même ne vous protégera point.

— Paix, jeune fou, insensé et ingrat !… Mais voyons pourtant : — serez-vous satisfait si vous voyez cet Alan Fairford, — ce précieux ami de votre cœur, — sain et sauf ? Serez-vous satisfait, dis-je, si vous le voyez en parfaite santé, sans essayer néanmoins de parler ni de causer avec lui ? Donnez-moi donc le bras, et vous, Lilias, ma nièce, donnez-moi l’autre ; mais prenez garde, sir Arthur, à ce que vous allez faire. »

Darsie fut forcé d’accéder à cette proposition, sachant bien que son oncle ne lui permettrait certainement pas d’avoir un entretien avec cet ami dont l’influence pouvait contrarier les plus ardents désirs du laird jacobite : il se contenta donc jusqu’à un certain point de ce qu’on lui accordait.

Redgauntlet conduisit son neveu et sa nièce à travers plusieurs corridors (car la maison, comme nous l’avons déjà dit, était fort irrégulière et avait été bâtie à différentes fois) ; enfin ils se présentèrent devant un appartement à la porte duquel un homme montait la garde avec une carabine sur l’épaule, mais cette sentinelle ne s’opposa point à ce qu’ils ouvrissent pour entrer. Dans cette chambre ils trouvèrent Alan Fairford et le quaker qui paraissaient causer vivement ensemble. Ils levèrent la tête en voyant arriver Redgauntlet et sa compagnie. Alan ôta son chapeau et fit un profond salut : Lilias qui le reconnut — (masquée comme elle l’était, il ne put la reconnaître elle-même) — lui rendit cette politesse avec une espèce d’embarras provenant sans doute du souvenir