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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/459

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dos ou changer de langage devront le faire sous les yeux de leur souverain. »

Un profond silence suivit. Ceux des conspirateurs qui s’étaient engagés dans l’entreprise par pure habitude ou par désir de rester fidèles à leurs vieilles opinions, virent alors avec terreur que la retraite leur était coupée, et d’autres qui de loin avaient regardé l’affaire en question comme présentant les plus belles espérances, tremblèrent lorsque le moment de s’y embarquer réellement fut avancé d’une manière inattendue, et rendu ainsi presque inévitable.

« Comment donc, milords et messieurs ! dit Redgauntlet ; est-ce la joie et le ravissement qui vous font ainsi garder le silence ? Où sont et l’empressement et l’accueil cordial avec lesquels vous deviez recevoir votre roi légitime, qui confie une seconde fois sa personne à la défense de ses sujets, sans se laisser effrayer par les imminents périls et les privations sévères de sa première expédition ? J’espère qu’il n’est pas ici un gentilhomme qui ne soit prêt à répéter devant son prince le serment de fidélité qu’il a prêté en son absence.

— Ce n’est pas moi du moins, » s’écria le jeune lord d’un air résolu, et mettant la main à son épée, « qui commettrai une pareille lâcheté. Si Charles est venu sur nos rivages, je serai le premier à l’accueillir, et à lui dévouer ma vie et ma fortune.

— J’en atteste le ciel, dit M. Méredith, je ne vois pas que M. Redgauntlet nous ait laissé autre chose à faire.

— Attendez, observa Summertrees, il y a encore une autre question. A-t-il amené avec lui quelques-uns de ces fiers-à-bras irlandais qui ont fait échouer notre dernière et glorieuse entreprise ?

— Pas un seul, répliqua Redgauntlet.

— Je compte, dit M. Grumball, qu’il n’y a point de prêtres catholiques dans sa compagnie. Je ne voudrais pas forcer la conscience privée de mon souverain ; mais comme fils indigne de l’Église d’Angleterre, mon devoir est de veiller à sa sûreté.

— Il n’y a ni chien ni chat papistes pour aboyer ni miauler autour de Sa Majesté, répondit Redgauntlet. Le vieux Shaftesbury lui-même ne pourrait souhaiter un prince mieux à l’abri du papisme, — qui peut ne pas être la plus mauvaise de toutes les religions, pourtant. — Ne vous reste-t-il plus aucun doute, Messieurs ? Ne pouvez-vous plus imaginer des raisons plausibles pour différer l’accomplissement de votre devoir, et l’exécution de vos serments et de vos promesses ? Cependant, votre roi attend votre déclaration : — sur ma foi ! voilà une réception bien froide !

— Redgauntlet, » répliqua sir Richard Glendale avec calme,