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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/463

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avec plus de convenance et de force montrer à ce prince la conséquence naturelle et inévitable de la manière dont il les a dédaignées.

— Moi, je pense, répliqua Redgauntlet, que ceux qui soulèvent l’objection doivent la soumettre eux-mêmes au roi ; car je suis convaincu que Charles ne croira jamais, à moins de l’entendre de la bouche même de l’héritier de la loyale maison de B —, que ce gentilhomme est le premier à chercher un prétexte pour éluder l’accomplissement de ses promesses.

— Un prétexte, monsieur ! » s’écria le jeune lord fièrement ; « j’en ai déjà trop supporté de votre part, et je ne souffrirai pas ce dernier affront. Veuillez, s’il vous plaît, descendre avec moi. »

Redgauntlet, souriant avec dédain, se disposait à suivre le fier jeune homme, quand sir Richard intervint encore : « Allons-nous montrer, dit-il, les derniers symptômes de la dissolution de notre parti, en tournant nos épées les uns contre les autres ? — De la modération, milord ; dans des conférences comme celle-ci, il faut se passer bien des choses qui ailleurs nécessiteraient des cartels. Un parti rassemblé doit, comme le parlement, jouir de certains privilèges. — On ne peut, dans la chaleur d’une discussion, peser tous les mots. — Messieurs, si votre confiance en moi peut aller jusque-là, j’irai trouver Sa Majesté, et j’espère que milord et M. Redgauntlet m’accompagneront. J’espère qu’une explication sur ce point amènera un résultat satisfaisant, et que nous pourrons alors rendre hommage sans réserve à notre souverain : moi-même je serai dès-lors le premier à tout sacrifier pour sa juste querelle. »

Redgauntlet s’avança tout à coup : « Milord, dit-il, si mon zèle m’a fait dire une chose qui vous ait offensé, je voudrais ne l’avoir pas dite, et je vous demande pardon. Un gentilhomme ne peut faire davantage.

— Je n’aurais pas tant demandé à M. Redgauntlet, » dit le jeune lord, acceptant volontiers la main que son adversaire lui offrait ; je ne connais pas d’homme au monde de qui je puisse souffrir un reproche sans un sentiment de dégradation, si ce n’est lui.

— Permettez-moi donc d’espérer, milord, que vous viendrez avec sir Richard et moi trouver le roi. La chaleur de votre sang ranimera notre zèle ; — la froideur du nôtre calmera votre ardeur. »

Le jeune lord sourit, et secoua la tête. « Hélas ! M. Redgauntlet, dit-il, je suis honteux d’avouer qu’en zèle vous nous surpassez tous ; mais je ne refuserai pas cette mission, pourvu que vous permettiez à votre neveu, sir Arthur, de nous accompagner aussi. »

— « Mon neveu ! » dit Redgauntlet, et il parut hésiter ; puis, il ajouta : « très-certainement. — J’espère, » dit-il en regardant