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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/12

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Une autre clause se rapportait à ses devoirs actifs. Plus loin, il jure qu’il dira entièrement au tribunal tous les crimes et toutes les offenses qui tomberont sous le ban secret de l’empereur, qu’il sait être vraies ou qu’il tient de quelqu’un digne de foi ; qu’il ne s’abstiendra pas d’agir ainsi par amour ou par haine, pour de l’or, de l’argent ou des pierres précieuses. Ce serment étant prêté, le nouveau freischoppff était admis aux secrets du tribunal vehmique. Il recevait le mot d’ordre par lequel il reconnaissait ses collègues, et le signe par lequel ils se reconnaissaient chacun en silence. On l’avertit du châtiment terrible qui attend le frère parjure. S’il révèle les secrets de la Cour, il doit s’attendre à être saisi subitement par les ministres de la vengeance. Ses yeux sont fermés, il est jeté par terre, sa langue est roulée autour de son cou, et il est pendu sept fois plus haut qu’un autre criminel ; et soit qu’ils fussent retenus par la crainte du châtiment, ou par les liens encore plus forts du mystère, on ne connaît aucun exemple de la violation des secrets du tribunal.

Unis ainsi par ce lien invisible, les membres de la sainte Vehme devinrent extrêmement nombreux. Dans le quatorzième siècle, cette confédération possédait plus de cent mille membres. Des personnes de tout rang cherchaient à être associées à cette puissante communauté, et à partager les privilèges des frères. Les princes s’empressèrent de permettre à leurs ministres de devenir les membres de cette mystérieuse et sainte alliance ; et les villes de l’empire ne furent pas moins jalouses d’enrôler leurs magistrats dans l’union vehmique.

Le gouvernement suprême des tribunaux vehmiques dans le grand chapitre ou chapitre général était composé de tous les freegraves et de tous les autres membres initiés, grands et petits. L’empereur pouvait présider cette assemblée en personne, mais plus ordinairement il était remplacé par son député, le stadtholder de l’ancien duché de Westphalie. Cette charge fut attachée à l’archevêché de Cologne, après la chute d’Henri-le-Lion, duc de Brunswick.

Avant le chapitre général, tous les membres étaient tenus de rendre compte de leurs actes. Il paraît que les freegraves faisaient des rapports sur les procédures qui avaient eu lieu sous leur juridiction dans le cours de l’année. Les membres indignes étaient chassés, ou bien subissaient un châtiment sévère. C’était là qu’étaient établis les statuts ou les réformes, comme on les appelait, pour servir de règle aux Cours et pour corriger les abus. C’était