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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/185

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ils un peu du chevalet ou de l’estrapade… Il n’y a aucun honneur à gagner avec eux. — Tant pis pour moi. J’avais rêvé si sûrement que Votre Excellence m’avait fait noble ! et puis la chute de mon glaive ! — Avale un verre de vin et oublie tes prévisions. — Avec la permission de Votre Honneur, non. Boire avant midi serait compromettre la sûreté de ma main. — Silence donc ! et songe à ton devoir. »

Francis ramassa son épée sans fourreau, en essuya soigneusement la poussière, et se retira dans un coin de la chambre, où il se tint debout, les mains appuyées sur le pommeau de l’arme fatale.

Presque au même instant, entra Kilian à la tête de cinq ou six soldats conduisant les deux Philipson, dont les bras étaient liés avec des cordes. — Avancez-moi une chaise, » dit le gouverneur : et il prit gravement place devant une table sur laquelle se trouvaient les objets nécessaires pour écrire. « Qui sont ces hommes, Kilian, ajouta-t-il, et pourquoi sont-ils garrottés ? — S’il plaît à Votre Excellence, » répondit Kilian avec un air respectueux qui différait entièrement du ton voisin de la familiarité avec lequel il parlait à son maître en particulier, nous avons cru qu’il était convenable que ces étrangers ne parussent pas armés en votre gracieuse présence ; et quand nous les avons requis de rendre leurs armes à la porte, comme c’est la coutume de la garnison, ce jeune freluquet a fait mine de vouloir résister. Mais j’avoue qu’il a rendu son épée à l’ordre de son père. — C’est faux ! » s’écria le jeune Philipson. Mais son père lui faisant signe de se taire, il obéit aussitôt.

« Noble seigneur, dit le vieux Philipson, nous sommes étrangers et nous ne connaissons pas les usages de cette citadelle ; nous sommes Anglais et inaccoutumés à souffrir des vexations personnelles ; nous espérons que notre excuse vous paraîtra suffisante, quand vous saurez que nous avons été, sans aucune allégation de motif, rudement saisis, nous ne savons par qui. Mon fils, qui est jeune et irréfléchi, a commencé à tirer son épée ; mais il s’est arrêté à ma voix, sans l’avoir sortie entièrement du fourreau, à plus forte raison sans avoir frappé. Quant à moi, je suis un marchand, accoutumé à me soumettre aux lois et coutumes des pays dans lesquels je trafique. Je suis sur le territoire du duc de Bourgogne, et je sais que ses lois et ses coutumes doivent être justes et équitables. Il est le puissant et fidèle allié de l’Angleterre, et je ne crains rien sous sa bannière. — Hem ! hem ! » répliqua Hagenbach un peu déconcerté par le calme de l’Anglais, et peut-être réfléchis-