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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/189

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pondit Philipson, toujours avec le calme imperturbable qu’il avait conservé pendant toute la conférence.

« Rappelez-vous aussi que je peux faire fouiller votre personne aussi complètement que vos malles et vos paquets. — Je me rappelle que je suis absolument en votre pouvoir ; et pour ne vous laisser aucune excuse d’avoir employé la force contre un étranger paisible, je vous avouerai que je porte le paquet du duc dans mon sein. — Voyons-le. — Mes mains sont liées et par l’honneur et par ces cordes. — Prends-le dans son sein, Kilian, et voyons cette bagatelle dont il parle. — Si toute résistance n’était pas inutile, répliqua le courageux marchand, vous m’arracheriez le cœur d’abord. Mais je prie toutes les personnes ici présentes de remarquer que les cachets sont tous entiers et intacts au moment où l’on me dépouille ainsi de force. »

En parlant ainsi, il promenait ses regards sur les soldats dont Archibald avait peut-être oublié la présence.

« Comment, chien, » s’écria le gouverneur s’abandonnant à sa colère, « voudriez-vous exciter une mutinerie parmi mes soldats ?… Kilian, que les soldats attendent dehors. »

À ces mots, il cacha rapidement sous sa robe le paquet, petit, mais extrêmement bien fermé, que Kilian avait arraché du sein de l’Anglais. Les soldats se retirèrent, mais à pas lents, et tournant la tête comme des enfants qui assistent à une représentait de marionnettes et qu’on veut emmener avant la fin.

« Ah ! ah ! drôle, reprit d’Hagenbach, nous voilà en plus petit comité. Veux-tu agir plus poliment avec moi, et me dire ce que c’est que ce paquet et d’où il vient ? — Si toute votre garnison pouvait tenir dans cette salle, je répondrais encore comme j’ai déjà répondu. Le contenu, je ne le connais pas au juste… la personne qui l’envoie, je suis résolu à ne pas la nommer. — Peut-être votre fils sera-t-il moins récalcitrant. — Il ne peut vous dire une chose qu’il ignore lui-même. — Peut-être le chevalet vous fera-t-il tous deux retrouver vos langues… nous allons d’abord essayer sur le jeune drôle, Kilian ; car tu sais que nous avons vu des hommes tomber du haut-mal en voyant disloquer les jointures de leurs enfants, tandis qu’ils auraient abandonné leurs vieux membres à la torture avec beaucoup de courage. — Vous pouvez en faire l’essai, dit Arthur ; le ciel me donnera la force de souffrir… — Et à moi le courage de voir, » ajouta son père.

Cependant le gouverneur tournait et retournait sans cesse le petit