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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 22, 1838.djvu/95

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que je vous en parle, n’avez-vous pas entendu la proclamation portant que nul, s’il n’a le rang de comte, ne pourra garder de chien de chasse dans l’enceinte du camp du roi Richard, sans sa permission royale, et cette permission, je crois, ne vous a pas été accordée. Je parle en ma qualité de grand-écuyer.

— Et moi, je répondrai en libre chevalier écossais, » dit Kenneth d’un ton sévère. « Je sers, quant à présent, sous la bannière d’Angleterre ; mais je ne me rappelle pas m’être jamais soumis à ses lois forestières, et je ne les respecte pas assez pour le faire. Quand la trompette appelle aux armes, mon pied est dans l’étrier aussi lestement que tout autre ; lorsqu’elle a sonné la charge, je n’ai jamais été des derniers à mettre ma lance en arrêt. Mais je ne vois pas à quel titre le roi Richard exercerait sur moi aucune contrainte quant à la manière dont j’emploie mes heures de loisir et de récréation.

— Néanmoins, répliqua de Vaux, il y aurait de la folie à désobéir à l’ordonnance du roi… Ainsi, avec votre permission, moi qui ai quelque autorité dans cette partie, je vous enverrai une sûreté pour mon ami que voilà.

— Je vous remercie, » dit froidement l’Écossais ; « mais il connaît les limites de mon quartier, et au delà je suis dans le cas de le protéger moi-même. Et cependant, » ajouta-t-il en changeant soudainement de manières, « je sens que je ne réponds pas comme je le devrais à votre intention bienveillante. Je vous remercie donc, milord, et bien cordialement : les écuyers et les piqueurs pourraient rencontrer Roswall, pour son malheur, et se permettre quelque agression que je serais peut-être trop prompt à rendre, de sorte qu’il en pourrait résulter des malheurs… Vous avez vu assez de l’intérieur de mon ménage, milord, pour que je ne rougisse pas de vous dire que Roswall est notre principal pourvoyeur, et j’ose espérer que notre lion Richard ne sera pas comme le lion de la fable du ménestrel, qui allait à la chasse et gardait tout le butin pour lui. Je ne puis croire qu’il voulût priver un pauvre gentilhomme qui le sert fidèlement d’une heure de délassement et d’un morceau de gibier, surtout quand il est si difficile de se procurer d’autre nourriture.

— Par ma foi, vous ne faites que rendre justice au roi, dit le baron, et pourtant il y a quelque chose dans les mots de chasse et de venaison qui semble tourner la tête à nos princes normands.

— Nous avons appris depuis peu, dit l’Écossais, par des ménes-