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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/122

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parfait avec la manière des Grecs ; d’ailleurs les hiéroglyphes à moitié effacés que l’on pouvait reconnaître sur une partie des sculptures dévastées, donnaient quelque poids à la croyance populaire sur leur origine ; nous rapporterons en peu de mots ce qu’on en disait.

D’après la tradition, cet édifice avait été un temple consacré à la déesse égyptienne Cybèle, au temps où l’empire romain était encore païen, et lorsque Constantinople portait le nom de Byzance. Tout le monde sait que les superstitions des Égyptiens, vulgairement grossières dans leur sens littéral comme dans leur interprétation mystique, et servant de fondement à une foule de doctrines extravagantes, furent exceptées par les principes de tolérance générale et le système de polythéisme adoptés par les Romains. Plusieurs lois exclurent la religion égyptienne du respect accordé par l’empire à presque toutes les autres religions, quelque absurdes qu’elles fussent. Toutefois ces rites égyptiens avaient des charmes pour les curieux et les superstitieux ; après une longue opposition, ils s’étaient établis dans l’empire.

Pourtant, quoique tolérés, les prêtres égyptiens étaient plutôt considérés comme sorciers que comme pontifes, et tout leur rite avait, dans l’esprit du peuple, plus de rapport avec la magie qu’avec aucun système régulier de dévotion.

Décrié par ces accusations, même chez les païens, le culte des Égyptiens était plus mortellement abhorré des chrétiens que les autres religions du paganisme, si toutefois aucune d’elles avait des droits à être appelée ainsi. Le culte abrutissant d’Apis et de Cybèle était regardé non seulement comme un prétexte pour se livrer à des plaisirs obscènes et à d’infâmes débauches, mais comme ayant une tendance directe à ouvrir et encourager un commerce dangereux avec des esprits malins, que l’on supposait prendre sur ces autels profanes le nom et le rôle de ces divinités impures. Non seulement donc le temple de Cybèle avec son portique gigantesque, ses statues colossales sans élégance et ses hiéroglyphes bizarres, fut abattu et détruit lorsque l’empire fut converti à la foi chrétienne, mais l’emplacement même qu’il occupait fut considéré comme souillé ; et, aucun empereur n’ayant encore élevé en ce lieu une église chrétienne, il demeurait dans l’état d’abandon où nous l’avons dépeint.

Le Varangien Hereward avait parfaitement connaissance de la mauvaise réputation du lieu ; et lorsque le nègre parut se disposer à entrer dans l’intérieur des ruines, le guerrier hésita et s’adressa