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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/172

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fonde forêt de javelines et de plumes se tenait le musicien qui sonnait de la trompette sacrée, personnage remarquable par sa haute stature et par la richesse de son costume. Il s’était posté sur un rocher au dessus de l’escalier de pierre, et, faisant retentir de temps à autre son instrument, il avertissait les escadrons placés au dessous d’arrêter leur marche, et de faire attention aux mouvements de l’impératrice et de l’épouse du césar.

Les charmes de la comtesse Brenhilda, et la bizarrerie de son costume à demi masculin, attirèrent l’attention des dames de la famille d’Alexis, mais la noble Normande avait quelque chose de trop extraordinaire pour commander leur admiration. Agelastès sentit qu’il lui fallait présenter ses hôtes les uns aux autres s’il voulait que la bonne intelligence régnât entre eux, et il dit : « Puis-je parler et vivre ? Les étrangers armés que vous trouvez en ce moment chez moi sont de dignes compagnons de ces myriades de guerriers que leur compassion pour les souffrances des habitants de la Palestine a amenés des extrémités occidentales de l’Europe pour jouir de la protection d’Alexis Comnène, pour l’aider en même temps, puisqu’il lui plaît d’accepter leur aide, à chasser les païens des limites du saint empire, et à occuper à leur place ces régions, comme vassaux de sa majesté impériale. — Nous sommes charmés, digne Agelastès, répondit l’impératrice, de vous voir traiter avec bonté ceux qui sont si disposés à respecter l’empereur. Et nous sommes portés à nous entretenir nous-mêmes avec eux, afin que notre fille, qu’Apollona douée du rare talent d’écrire ce qu’elle voit, puisse faire la connaissance d’une de ces guerrières de l’occident, dont la renommée a dit tant de choses, et que nous connaissons si peu. — Madame, dit le comte de Paris, je ne puis que vous exprimer simplement ce que je trouve à reprendre dans l’explication que ce vieillard vient de vous donner des motifs qui nous ont amenés en ce pays. Il est certain que nous ne devons pas soumission à Alexis, et que nous n’avions pas dessein de devenir ses sujets, lorsque nous avons fait le vœu qui nous a amenés en Asie. Nous y sommes venus parce que nous savions que la terre sainte avait été arrachée à l’empereur grec par les païens, les Sarrasins, les Turcs et d’autres infidèles, sur qui nous sommes prêts à la reconquérir. Les plus sages et les plus prudents d’entre nous ont jugé nécessaire de reconnaître l’autorité de l’empereur, parce que le meilleur moyen d’accomplir notre vœu était de nous déclarer ses feudataires, afin d’éviter toute querelle entre les états chrétiens. Nous, quoique ne dépendant