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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/187

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luxe, et placés pour le moment à leur disposition et à celle de leur suite. Nous les y laisserons un moment, revêtant, avec l’aide de leurs propres gens, le costume qu’ils considéraient comme le plus approprié à une grande occasion ; les personnes attachées au service de la cour grecque renonçaient de grand cœur à une tâche qui leur semblait presque aussi formidable que d’assister à la reposée d’un tigre royal ou de sa compagne.

Agelastès trouva l’empereur arrangeant avec attention son costume de cour le plus splendide ; car, comme à la cour de Pékin, le changement des habits était une importante partie de l’étiquette à Constantinople.

« Tu t’es très bien comporté, sage Agelastès, » dit Alexis au philosophe, tandis que celui-ci approchait en se prosternant et faisant des génuflexions sans fin ; « tu t’es très bien comporté, et nous sommes content de toi. Il ne fallait rien moins que toi et ton adresse pour séparer des leurs ce taureau indompté et cette fière génisse, qui, si nous parvenons à avoir sur eux quelque empire, ne nous donneront pas peu d’influence parmi ceux qui les regardent comme les plus braves de l’armée. — Mon humble intelligence, répondit Agelastès, n’eût pu conduire un plan si prudent et si plein de sagacité, s’il n’eût été conçu et tracé par l’inimitable sagesse de Votre très sacrée Altesse impériale. — Nous savons que nous avons formé nous-même la résolution de retenir ces personnes, soit de leur plein gré comme alliés, ou de vive force comme otages. Leurs amis avant de s’apercevoir de leur absence, auront commencé les hostilités contre les Turcs, et ils se trouveront dans l’impossibilité de prendre les armes contre notre empire sacré, quand même Lucifer leur suggérerait une telle entreprise. Ainsi, Agelastès, nous obtiendrons des otages au moins aussi importants et aussi précieux que ce comte de Vermandois, dont le redoutable Godefroy de Bouillon nous a arraché la liberté par la menace d’une guerre immédiate. — Pardonnez si j’ajoute une autre raison à celles qui appuient si heureusement votre auguste projet. Il est possible qu’en observant les plus grands ménagements et la plus grande courtoisie envers ces étrangers, nous puissions les gagner tout-à-fait à nos intérêts. — Je vous conçois, je vous conçois ; et ce soir même je me montrerai à ce comte et à son épouse dans le salon de réception, revêtu du plus riche costume que puisse fournir notre garde-robe. Les lions de Salomon rugiront, l’arbre d’or de Comnène déploiera ses merveilles, et les faibles yeux de ces Francs seront éblouis par la splendeur