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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/252

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traitements qu’il a reçus ici, et peut, en conséquence, être impunément bravé… ou bien, il est caché quelque part dans Constantinople, sans ami, sans allié qui prenne son parti, et qui l’encourage à proclamer ses prétendus griefs. Dans l’un ou l’autre de ces cas, il ne serait pas, je pense, prudent de porter au palais la nouvelle de son évasion, puisqu’elle ne servirait qu’à alarmer la cour, et pourrait fournir à l’empereur des motifs de soupçon… Mais ce n’est pas à un ignorant barbare comme moi de prescrire à Votre Valeur la conduite qu’elle doit tenir, et il me semble que le sage Agelastès serait un meilleur conseiller que moi. — Non, non, non, » répliqua l’Acolouthos avec chaleur, mais à voix basse ; « le philosophe et moi, nous sommes très bons amis, des amis liés ensemble d’une façon toute particulière ; mais si les circonstances exigeaient que l’un de nous deux dût jeter au pied du trône de l’empereur la tête de l’autre, je pense que tu ne me conseillerais pas, à moi qui n’ai encore aucun cheveu blanc, d’être le dernier à faire cette offrande. En conséquence, nous ne dirons rien de ce malheur ; mais nous te donnons plein pouvoir et ordre spécial de chercher le comte Robert de Paris, de t’en emparer mort ou vif, de l’enfermer dans le cachot militaire destiné aux gens de notre corps, et quand tu l’auras fait, tu nous en donneras avis. Je peux gagner son amitié par bien des moyens en arrachant sa femme au danger à l’aide des haches des Varangiens. Qu’y a-t-il dans la capitale qu’on leur puisse opposer ? — Rien, lorsqu’elles sont levées pour une juste cause. — Hein !… que dis-tu ? que veux-tu dire ?… Je comprends : tu es scrupuleux, comme il convient à un soldat prudent de l’être ; tu veux avoir l’ordre précis et spécial de ton officier pour chaque service dont tu es chargé, et, comme ton supérieur, mon devoir est de lever tes scrupules. Un mandat te sera remis avec plein pouvoir de poursuivre et d’emprisonner le comte étranger dont nous parlions… Écoute encore, mon excellent ami, » ajouta Achille Tatius avec quelque hésitation, « je crois que tu ferais mieux de t’éloigner, et de commencer ou plutôt de continuer tes recherches. Il n’est pas nécessaire d’informer notre ami Agelastès de ce qui est arrivé, jusqu’à ce que ses avis nous deviennent plus utiles qu’ils ne le seraient à présent. Retourne… retourne aux casernes. Je lui ferai un conte, s’il est curieux de connaître le motif qui t’a amené ici ; car il est probable qu’il le demandera, le soupçonneux vieillard. Retourne donc promptement aux casernes, use de tous les moyens et agis comme si tu avais entre les mains un mandat qui te conférât une