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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/270

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pas même l’extrême danger de mon épouse ne me fera violer les règles d’un combat, je me rendrai certainement dans la lice, brave Saxon, si tu peux me mettre à même de le faire. Mais attends, » ajouta-t-il après avoir réfléchi un moment, « tu me promettras de ne pas l’informer que le comte est présent au combat, et surtout de ne point me désigner à elle dans la foule des guerriers. Oh ! tu ne sais pas que la vue d’un objet aimé nous dérobe quelquefois notre sang-froid, alors même que nous en avons le plus grand besoin ! — Nous tâcherons d’arranger les choses au gré de votre désir, pourvu que vous ne nous suscitiez plus de difficultés romanesques ; car, sur mon honneur ! une affaire si compliquée en elle-même demande à ne pas être embarrassée davantage par les singuliers caprices de votre bravoure nationale. En attendant, j’ai bien de la besogne pour cette nuit, et pendant que je vais m’en occuper, vous, sire chevalier, vous ferez bien de rester ici déguisé sous ces vêtements, en vous contentant des vivres qu’Éric pourra vous procurer. Ne craignez pas l’importunité de vos voisins. Nous, Varangiens, nous respectons mutuellement nos secrets, de quelque nature qu’ils puissent être. »


CHAPITRE XXI.

LA CONSPIRATION.


Quant à tous ces autres coquins de parents, la destruction va les poursuivre aux talons. Bon oncle, aidez-moi à faire partir des troupes pour Oxford, ou pour tout autre lieu où les traîtres sont réunis : ils ne vivront pas en ce monde, je le jure.
Shakspeare. Richard II.


En prononçant les dernières paroles rapportées dans le chapitre précédent, Hereward laissa le comte dans son appartement, et se rendit au palais de Blaquernal. Nous avons rendu compte de sa première entrée à la cour ; mais depuis lors il y avait été fréquemment appelé, non seulement par ordre de la princesse Anne Comnène qui se plaisait à lui faire des questions sur les coutumes de son pays natal, et à rédiger ensuite les réponses dans un style ampoulé, mais aussi par commandement exprès de l’empereur lui-même qui avait l’humeur de tant d’autres princes, celle de désirer obtenir des renseignements directs de personnes d’un rang fort inférieur. L’anneau que la princesse avait donné au Varangien