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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/372

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besoins du corps appliquera de nouveau ses facultés, si telle est la volonté de l’individu, au gouvernement d’un grand thème, ou d’une vaste division de l’empire. La jalousie politique, à laquelle il est plus difficile d’imposer silence que de rendre la vue à un aveugle, se laissera vaincre par l’amour paternel de l’empereur pour son peuple et par le désir de lui donner entière satisfaction ; Ursel, l’objet de tous vos désirs, que vous supposiez mort depuis longtemps, ou du moins que vous croyiez vivre aveugle dans une prison, vous est rendu bien portant, jouissant de la vue, et possédant toutes les facultés nécessaires pour recevoir les faveurs de l’empereur et mériter l’affection du peuple. »

Comme le héraut parlait ainsi, un homme qui s’était jusque-là tenu caché derrière quelques officiers du palais s’avança, et, jetant loin de lui un manteau sombre dont il était enveloppé, se montra couvert d’un splendide vêtement écarlate dont les manches, ainsi que les brodequins qu’il portait, étaient enrichis d’ornements qui indiquaient un rang qui ne le cédait qu’à celui de l’empereur lui-même. Il tenait à la main un bâton d’argent, emblème du commandement des cohortes immortelles qui lui était confié, et, s’agenouillant devant l’empereur, il le lui présenta, comme pour résigner entre ses mains le pouvoir dont il était le symbole. L’assemblée entière fut électrisée à la vue d’un personnage que l’on avait cru si long-temps mort, ou rendu, par de cruels moyens, incapable de remplir aucun emploi public. Quelques uns reconnurent l’homme dont l’extérieur et les traits n’étaient pas faciles à oublier, et le félicitèrent de rentrer si inopinément au service de son pays. D’autres restaient immobiles de surprise, ne sachant s’ils devaient en croire leurs yeux, tandis que quelques mécontents déterminés s’empressèrent de répandre que le prétendu Ursel qu’on leur présentait n’était qu’un imposteur, et que l’empereur leur jouait un tour de sa façon.

« Parle-leur, noble Ursel, dit l’empereur ; dis-leur que, si j’ai péché contre toi, c’est parce que j’ai été trompé, et que ma disposition à réparer mes torts est aussi grande que l’a jamais été mon intention de te nuire. — Amis et concitoyens, » dit Ursel en se tournant vers l’assemblée, « Sa Majesté impériale me permet de vous assurer que si, dans une partie antérieure de ma vie, j’ai souffert des injustices de sa part, elles sont plus que réparées par les sentiments que j’éprouve en ce moment glorieux. Je suis charmé de pouvoir, à partir de cet instant, passer le reste de mes jours au