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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/380

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« Parle-moi, mon soldat, » dit Alexis, fortement ému par la reconnaissance qu’il sentait devoir à Hereward dans cette occasion singulière ; « parle à ton empereur comme son supérieur, car tu l’es en ce moment, et dis-lui s’il est une manière, fût-ce au prix de la moitié de son empire, dont il puisse te récompenser de lui avoir sauvé la vie, et ce qui est encore plus, d’avoir si bravement défendu l’honneur de son pays. — Sire, répondit Hereward, Votre Majesté impériale attache une trop grande valeur à mes humbles services ; elle devrait plutôt savoir gré au noble comte de Paris, d’abord, pour avoir consenti à combattre un adversaire d’une condition aussi inférieure que la mienne, et ensuite pour avoir renoncé généreusement à la victoire, lorsqu’il pouvait la décider en sa faveur en frappant un second coup ; car j’avoue ici en présence de Votre Majesté, de mes frères d’armes et des Grecs assemblés, que je n’avais plus la force de continuer le combat quand le vaillant comte y a mis fin par sa générosité. — Ne te fais pas cette injustice, vaillant soldat, dit le comte Robert ; car j’en appelle à Notre-Dame des Lances rompues, le combat était encore soumis à la décision de la Providence, lorsque la violence de mon émotion m’a rendu incapable de le continuer au risque de blesser gravement un adversaire à qui je devais tant de reconnaissance, et peut-être de lui donner la mort. Choisis donc la récompense que la générosité de ton empereur t’offre avec tant de justice et de gratitude, et ne crains pas qu’une voix mortelle ose dire que cette récompense n’a pas été méritée, quand Robert de Paris déclarera, l’épée en main, qu’elle a été bravement gagnée sur son propre cimier. — Vous êtes trop élevé par votre rang et votre naissance, seigneur comte, répliqua l’Anglo-Saxon, pour qu’un homme tel que moi puisse vous contredire, et je ne dois pas éveiller une nouvelle querelle entre nous, en contestant les circonstances qui ont soudainement mis fin à notre combat ; il ne serait ni sage ni prudent à moi d’attaquer davantage votre opinion. Mon noble empereur me donne généreusement le droit de désigner ce qu’il appelle ma récompense ; mais que sa générosité ne soit pas blessée, si c’est de vous, seigneur, et non de Sa Majesté impériale, que j’attends une faveur, la plus précieuse que ma voix puisse solliciter pour moi. — Et cette faveur, demanda le comte, a rapport à Bertha, la fidèle suivante de ma femme ? — Vous l’avez dit, répondit Hereward ; j’ai formé le projet de demander la permission de quitter la garde varangienne, et celle de prendre part au vœu saint et honorable qu’a