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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/390

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L’historienne oublia quelque temps l’orgueil de son rang littéraire ; et, comme une femme ordinaire, elle versa des larmes, jeta des cris, s’arracha les cheveux, et se défigura le visage ; cependant l’impératrice Irène quittait ses vêtements impériaux, coupait sa chevelure, changeait ses brodequins de pourpre pour des souliers de deuil, et sa fille Marie, qui elle-même avait été veuve, prenait une robe noire dans une de ses garde-robes, et la présentait à sa mère. « À l’instant même où elle la mit, dit Anne Comnène, l’empereur rendit l’âme, et en ce moment le soleil de ma vie se coucha. »

Nous ne parlerons pas davantage de ses lamentations. Elle se reproche d’avoir, après la mort de son père, cette lumière du monde, survécu aussi à Irène, également les délices de l’Orient et de l’Occident, et même à son époux. « Je suis indignée, dit-elle, que mon âme abreuvée de pareils torrents d’infortune, puisse encore animer mon corps. N’ai-je pas été plus dure et plus insensible que les rochers même, et n’est-il pas juste que celle qui a pu survivre à un tel père, à une telle mère et à un tel époux, soit soumise à l’influence de tant de calamités ? Mais achevons cette histoire, plutôt que de fatiguer plus long-temps mes lecteurs de mes inutiles et douloureuses lamentations. »

Après avoir ainsi conclu son histoire, elle ajoute les deux vers suivants :

La savante Comnène alors cesse d’écrire,
À défaut de matière et quand son père expire.

Ces citations apprendront probablement au lecteur tout ce qu’il désire savoir du caractère réel de l’historienne impériale. Peu de mots suffiront pour en finir avec les autres personnages que nous avons choisis dans son ouvrage, et qui ont figuré dans le drame qu précède.

Il n’est guère douteux que le comte Robert de Paris, qui devint particulièrement célèbre par l’audace qu’il eut de s’asseoir sur le trône impérial, ne fût, dans le fait, un homme du plus haut rang et rien moins, comme l’a conjecturé le savant Ducange, qu’un ancêtre de la maison de Bourbon qui a donné si long-temps des roi à la France. Il était, à ce qu’il paraît, successeur des comtes de Paris par qui cette ville fut vaillamment défendue contre les Normands, et l’un des ancêtres de Hugues Capet. Il y a sur ce sujet diverses hypothèses qui font descendre le célèbre Hugues Capet 1° de la famille de Saxe ; 2° de saint Arnould, par la suite évêque