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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/156

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bruit des armes d’une sentinelle qu’on plaçait à la porte de la chambre, il appela le geôlier : « Mon ami, lui dit-il, ce que j’ai à dire à Effie Deans est très-important, et je voudrais la voir le plus tôt possible. » Il ne reçut pas de réponse. « Si je ne peux pas la voir maintenant, » continua-t-il d’une voix plus élevée, « dites-le-moi, et laissez-moi aller à mes affaires ; » et il ajouta, en se parlant à lui-même : « Fugit irreparabile tempus. »

« Si vous aviez des affaires, il fallait les faire avant de venir ici, dit le geôlier du dehors, car vous verrez qu’il est plus facile d’y entrer que d’en sortir. Une autre insurrection ne viendra pas nous assaillir. La loi a triomphé, voisin, et vous l’apprendrez à vos dépens. — Que voulez-vous dire ? reprit Butler. Vous me prenez sans doute pour un autre. Je suis Reuben Butler, prédicateur de l’Évangile. — Je le sais bien, dit le geôlier. — Alors, si vous me connaissez, j’ai droit de vous demander d’après quel mandat vous me détenez. Tout sujet du roi a droit de faire cette question. — Quel mandat ? dit le geôlier. Le mandat est à Libberton avec deux shérifs pour vous arrêter. Si vous étiez resté chez vous, comme doit faire un honnête homme, vous auriez vu le mandat ; mais vous êtes venu de vous-même vous faire incarcérer, que puis-je faire ? — Ainsi, je ne puis voir Effie Deans, dit Butler ; et vous êtes déterminé à ne pas me laisser sortir ? — Certainement non, voisin, dit le vieillard avec rudesse ; pour Effie Deans, laissez-la songer à son affaire, vous aurez assez de la vôtre. Quant à votre sortie, le magistrat en décidera. Je vous quitte, car je vois les charpentiers qui viennent remplacer deux des portes que vos paisibles compagnons ont renversées hier au soir, monsieur Butler. »

La position de Butler était non moins alarmante que pénible : être emprisonné, même sur une fausse accusation, est fort désagréable ; et des hommes doués d’un courage naturel supérieur à celui de Butler auraient pu en être inquiets. Il ne manquait cependant pas de cette résolution qu’inspirent le sentiment du devoir et le désir honorable de le remplir ; mais son imagination était vive et sa constitution délicate, et il était loin d’être insensible au danger, comme ces hommes moins impressionnables, doués d’une santé et d’un tempérament vigoureux. L’idée confuse d’un péril qu’il ne pouvait ni comprendre ni écarter, semblait flotter devant ses yeux. Il chercha à se rappeler les événements de la nuit précédente, pour découvrir quelque moyen