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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/162

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embarras ; « mais c’était la voie la plus courte pour échapper à la multitude. »

Le juge et le greffier échangèrent de nouveau un regard.

« La porte de Cowgate n’est-elle pas sur un chemin plus court de Grass-Market à Libberton que celle de Bristol-Port ? » — Non, répondit Butler ; mais j’allais visiter un ami. — En vérité ? dit le juge ; vous étiez pressé de lui raconter ce que vous veniez de voir, sans doute ? — Certainement non, répondit Butler ; et je n’en ai point parlé tout le temps que j’ai été à Saint-Léonard. — Par où êtes-vous passé en allant à Saint-Léonard ! — Par les rochers de Salisbury ? » — Vous affectionnez donc bien les détours ? dit le magistrat ; et qui avez-vous vu en sortant de la ville ? »

Butler lui décrivit les différents groupes qu’il avait rencontrés, comme nous l’avons déjà dit ; et enfin il arriva au mystérieux étranger du Parc du Roi. Butler eût désiré garder le silence sur ce sujet, mais le magistrat ne l’eut pas plus tôt entendu parler de cet incident, qu’il en voulut connaître toutes les particularités.

« Réfléchissez, monsieur Butler, dit-il ; vous êtes un jeune homme d’une bonne réputation ; je serais prêt moi-même à rendre témoignage en votre faveur. Mais nous savons qu’il y a des gens de votre profession qui s’abandonnent à un zèle faux et aveugle, et qui, irréprochables sous tout autre rapport, se sont laissé entraîner à de grands désordres capables de troubler la paix du pays. J’en agirai franchement avec vous. Je ne suis nullement satisfait de votre récit, de votre double sortie par deux routes différentes, qui toutes les deux faisaient de longs circuits ; et, pour parler franchement, aucun de ceux que nous avons interrogés sur cette malheureuse affaire n’a vu, dans votre conduite, rien qui indiquât que vous agissiez par contrainte. Bien plus, les gardes de la porte de Cowgate ont remarqué en vous l’embarras d’un coupable, et ont déclaré que vous leur aviez le premier ordonné d’ouvrir la porte, d’un ton d’autorité, comme si vous commandiez les gardes et avant-postes des factieux qui les avaient assiégés toute la nuit. — Dieu leur pardonne ! dit Butler ; je leur ai seulement demandé un libre passage pour moi-même ; ils se sont mépris, à moins qu’ils ne me calomnient à dessein. — Bien, monsieur Butler, dit le magistrat ; je suis disposé à admettre tout ce qui peut vous être favorable, et je désire beaucoup que vous vous tiriez bien de cette affaire ; mais il faut être franc avec moi, si vous voulez fortifier la bonne opinion que j’ai conçue de vous, et aplanir toute difficulté.