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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/238

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tour de mon lit, des yeux menaçants, des loups furieux, et le taureau de la veuve Butler, je ne vois plus maintenant qu’un gibet tout noir et bien haut, où la pauvre Effie Deans est attachée, au milieu d’une grande quantité de visages levés vers elle, et qui se demandent si c’est bien celle-là que George Robertson appelait le Lis de Saint-Léonard ; et puis il me semble voir toutes ces figures se décomposer et me faire d’horribles grimaces, et j’en vois une parmi elles qui rit de ce rire affreux de Meg Murdockson lorsqu’elle me dit que je ne reverrais plus mon enfant. Ô mon Dieu ! mon Dieu ! Jeanie, que cette vieille femme a une figure effrayante ! » En faisant cette exclamation elle appuya ses mains sur ses yeux, comme pour se dérober à la vue de l’image hideuse qui la poursuivait.

Jeanie Deans passa deux heures avec sa sœur, et chercha pendant ce temps à en tirer quelque chose qui pût servir à son acquittement. Mais Effie n’avait rien à ajouter à ce qu’elle avait déclaré dans son premier interrogatoire, déclaration qu’on fera connaître au lecteur en temps et lieu convenables. « Ils n’avaient pas voulu la croire, dit-elle, et elle n’avait rien à dire de plus. »

Enfin Ratcliffe, quoique avec répugnance, avertit les sœurs qu’il était temps de se séparer. « M. Novit, dit-il, allait venir voir la prisonnière, et peut-être M. Langlate aussi ; car M. Langlate aimait à voir une jolie fille, même entre les murs d’une prison. »

Ce fut à regret et après avoir versé bien des larmes, et embrassé sa sœur plus d’une fois, que Jeanie sortit de la chambre dont les lourds verrous se refermèrent aussitôt sur l’être chéri duquel elle se séparait. Elle s’était un peu accoutumée à son grossier conducteur, et lui offrit quelque argent, en le priant de faire tout ce qu’il pourrait pour que sa sœur ne manquât de rien. À sa grande surprise, Ratcliffe refusa son présent. « Je n’ai jamais été sanguinaire, dit-il, quand j’exploitais le grand chemin, et je ne veux pas être rapace maintenant que j’ai l’emploi des verrous ; c’est-à-dire que je ne recevrai que ce qui sera juste et raisonnable. Gardez donc votre argent, et, en retour de votre politesse, j’aurai pour votre sœur toutes les attentions qu’il sera en mon pouvoir de lui montrer ; mais j’espère qu’en réfléchissant vous changerez d’avis, et que vous ne craindrez pas de faire un serment pour elle. Du diable s’il y a du mal pour l’épaisseur d’un cheveu à jurer contre le ministère public. Je connais un digne ministre, le plus brave homme qu’en puisse voir, et qui, avant le fait pour lequel il a