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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/249

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table et vertueux qui, dans des temps de persécution, s’est fait connaître par son courage et par sa piété, et qui a souffert lui-même pour obéir à la voix de sa conscience. »

En entendant parler de lui de cette manière, Davie Deans tressaillit involontairement, puis il reprit la posture dans laquelle il avait jusque là écoulé les plaidoiries, la tête cachée dans ses deux mains, qui étaient appuyées sur le bord élevé du banc des juges. Parmi les hommes de loi présents, les whigs parurent écouter avec intérêt, les visages des torys s’allongèrent.

« Quelle que puisse être la différence de nos opinions, » reprit l’avocat, dont le but était d’entraîner, autant que possible, tout l’auditoire de son côté, « sur les dogmes particuliers de ces sectaires (ici Deans fit un profond gémissement), il est impossible de nier que leur morale ne soit pure et même austère, et qu’ils n’élèvent leurs enfants dans la crainte de Dieu ; et cependant c’est la fille d’un tel homme qu’un jury va bientôt être appelé à condamner sur de simples présomptions, et en l’absence de preuves, pour un crime qui semble plus fait pour un pays de sauvages sans religion et sans lois que pour des chrétiens civilisés. Je conviens cependant que les excellents principes et les premières instructions qu’avait reçus la malheureuse fille n’ont pu entièrement la préserver de l’erreur : elle est devenue victime d’une passion inconsidérée pour un jeune homme qu’on m’a représenté comme joignant à un extérieur séduisant un caractère audacieux et criminel. Elle s’était laissé séduire par une promesse de mariage, promesse qu’il aurait tenue peut-être si alors la loi ne l’avait réclamé lui-même pour expier un défit déjà assez grave, mais qui n’avait été que l’avant-coureur d’une suite d’événements tous marqués par le crime et le sang, et dont le dénoûment n’était pas encore arrivé. Je crois que l’on n’apprendra pas sans surprise que le père de cet enfant qui a disparu, et que M. l’avocat général prétend avoir été assassiné, est le fameux George Robertson, le complice de Wilson, le héros de la fuite mémorable de l’église de la prison, et, comme personne ne le sait mieux que M. l’avocat général, le principal acteur dans le complot formé contre Porteous. — Je suis fâché d’interrompre un avocat dans une semblable cause, dit le juge-président ; mais je dois lui rappeler qu’il s’écarte entièrement de son sujet. »

L’avocat s’inclina et reprit : « J’ai cru nécessaire de parler ici de Robertson, parce que les circonstances où cet individu s’est