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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/384

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« Après tout, pensa-t il, il faut que sa tête soit un peu dérangée. » « Eh bien ! dit-il tout haut, puisque je ne puis m’informer du motif de votre voyage, je ne suis pas en état de vous donner des conseils sur la manière dont vous devrez vous diriger. Mais la maîtresse de la maison où la voiture s’arrête est une femme fort respectable, et comme je loge quelquefois dans sa maison, je vous donnerai un mot de recommandation pour elle. »

Jeanie le remercia de sa bonté, en lui faisant sa plus belle révérence, et lui dit qu’avec ce mot de Son Honneur, et un autre de la digne mistress Bickerton, hôtesse de l’auberge des Sept-Étoiles à York, elle ne doutait pas d’être bien accueillie à Londres.

« Maintenant, dit-il, je suppose que vous désirez partir sur-le-champ. — Si j’avais été dans une auberge ou dans quelque autre endroit où je pusse m’arrêter, répondit Jeanie, je n’aurais pas voulu voyager le jour du Seigneur ; mais le but de ma mission et les circonstances où je me trouve me donnent l’espoir que je trouverai grâce devant ses yeux. — Vous pouvez, si vous voulez, passer avec mistress Dalton le reste de la journée ; mais rappelez-vous que je ne veux pas qu’il y ait d’autre communication entre vous et mon fils, qui n’est pas un guide convenable pour une personne de votre âge, quels que soient les embarras de votre position. — Votre Honneur ne dit que trop vrai, répondit Jeanie ; ce n’est pas volontairement que je me suis entretenue avec lui tout à l’heure ; et quoique je ne lui souhaite que du bien, tout ce que je désire c’est de ne le revoir de ma vie. — Comme vous paraissez une jeune femme d’un caractère sérieux, dit le recteur, vous pouvez, si vous le désirez, vous joindre à mes gens pour assister aux prières que je lis le soir à ma famille. — Je remercie Votre Honneur, dit Jeanie, mais je craindrais que ma présence ne tournât pas beaucoup à leur édification. — Comment, dit le recteur, si jeune ! Auriez-vous déjà le malheur d’avoir des doutes sur les devoirs que la religion nous impose ? — Dieu m’en préserve ! mais j’ai été élevée dans la foi des restes souffrants de la doctrine presbytérienne en Écosse, et je doute qu’il me soit permis d’assister aux cérémonies de votre culte, contre lesquelles ont protesté tant de précieux membres de notre Église, et principalement mon père. — Eh bien, ma bonne fille, » dit le recteur en souriant avec bonté, « loin de moi la pensée de contraindre en rien votre conscience ; cependant vous devriez vous rappeler que la même grâce divine est une source inépuisable qui dispense ses eaux sur d’au-