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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/491

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cime des monts sur lesquels ils paraissaient comme suspendus, et dont d’épaisses bruyères décoraient la base. »

Ils débarquèrent dans cette Arcadie des montagnes, à l’embouchure d’un petit ruisseau qui arrose une paisible et délicieuse vallée. Des habitants de diverses conditions vinrent présenter leurs respects au capitaine de Knockdunder, hommage qu’il exigeait très-rigoureusement, et voir en même temps les nouveaux venus. Quelques-uns de ces hommes étaient, suivant le dire de Davie, des membres anciens et zélés de son Église, émigrés des comtés de Lennox, de Lanark et d’Ayr, auxquels le feu duc d’Argyle avait donné asile dans ce coin retiré de ses domaines, parce qu’ils avaient été persécutés pour s’être réunis à son père, aïeul du duc actuel, dans sa malheureuse entreprise de 1686. C’étaient là, pour Davie, des gâteaux pétris du bon et véritable levain, et, sans cette circonstance, le capitaine de Knockdunder lui aurait, dit-il, fait quitter le pays en vingt-quatre heures, tant il était affreux pour une âme chrétienne de l’entendre jurer et se livrer à toutes sortes d’imprécations pour la plus légère contrariété !

Outre ces vieux presbytériens, il s’y trouvait des paroissiens plus sauvages ; c’étaient des montagnards des hautes terres voisines, qui en portaient le costume, parlaient le gaélique et étaient toujours en armes. Mais les sages mesures prises par le duc avaient établi un si bon ordre dans cette partie de ses domaines, que les Celtes et les Saxons vivaient ensemble en bons voisins et dans la plus parfaite harmonie.

Ils commencèrent par visiter le presbytère, bâtiment ancien mais en bon état, qui s’élevait au milieu d’un petit bois de sycomores ; il avait un jardin bien cultivé sur le devant, limité par un petit ruisseau qu’on apercevait des croisées de la maison, et que des arbres, des buissons, une haie, séparaient du jardin. L’intérieur de la manse avait été fort négligé par le dernier occupant ; mais le duc d’Argyle avait ordonné qu’on y mît à ses frais des ouvriers, qui s’occupaient alors à l’embellir sous la surveillance du capitaine de Knockdunder. Les vieux meubles avaient été enlevés, et le duc en avait envoyé de nouveaux de Londres sur un brick nommé la Caroline qui lui appartenait, et qui était arrivé depuis quelques jours, de sorte qu’on n’attendait plus que la fin des réparations intérieures pour meubler les appartements.

Le gracieux Duncan, trouvant à son arrivée que les ouvriers