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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/94

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d’un ancien ami, soit qu’elle en eût elle-même perdu le souvenir, avait oublié qu’on lui eût jamais fait une telle révélation. Mon officieux correspondant, qui est un chasseur de renards, m’écrivit donc qu’il avait complètement perdu la piste ; et tout ce qu’on peut dire sur cette tradition, c’est que bien certainement elle exista jadis, et qu’elle était crue généralement.


CHAPITRE VIII.

BUTLER.


Le siège d’Arthur sera mon lit ; mon corps ne reposera jamais entre des draps ; l’eau de saint Antoine sera ma boisson, puisque j’ai perdu l’objet de mon sincère amour.
Vieille Chanson.


Si j’avais à désigner un endroit d’où l’on pût voir dans leur plus grande beauté le lever et le coucher du soleil, je désignerais ce sentier sauvage qui serpente au pied de la haute masse de rochers presque circulaires appelés Salisbury-Crags, et qui marque le sommet de la pente rapide par laquelle on descend dans la vallée au sud-est de la ville d’Édimbourg. Le paysage, quand l’œil en suit tout le contour, domine une ville que ses hautes maisons et ses édifices élevés montrent sous une forme qui, pour une imagination romanesque, pourrait ressembler à celle d’un dragon : ici c’est un magnifique bras de mer avec ses récifs, ses îles, ses côtes éloignées, et dans le fond une chaîne de montagnes ; là c’est une belle et fertile campagne, variée à l’infini par des collines, des vallées et des monticules, et dans le lointain la cime pittoresque des monts Pentland. Mais comme le sentier fait mille charmants détours au pied de cette masse imposante de rochers, la perspective qui renferme tous ces objets délicieux et sublimes change à chaque pas, et les présente tantôt réunis, tantôt séparés les uns des autres, avec la variété la plus capable de satisfaire l’œil et l’imagination. Quand une perspective si belle et si variée, si intéressante par sa complication et cependant si sublime, est éclairée des teintes du matin ou de celles du soir, et déploie toute cette richesse de nuances sombres, remplacées peu à peu par une vive lumière, qui donne du relief même aux points de vue les moins saillants, l’effet qu’elle produit approche de l’enchantement. Ce sentier était d’ordinaire ma promenade soir et matin, quand je lisais un auteur favori ou que je m’occupais d’un