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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/315

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l’austérité d’un juge, il y faisait briller aussi la dignité qui convient à un baronnet issu d’une ancienne famille.

« Là, constables, faites-le placer là, devant une table… Ayez la bonté de me regarder en face, monsieur, et de répondre à haute et intelligible voix aux questions que je vais vous adresser. — Puis-je savoir d’abord, monsieur, dit le prisonnier, quelle est la personne qui prend la peine de m’interroger ? car les honnêtes gens qui m’ont amené ici n’ont pas jugé convenable de m’en instruire. — Mais, monsieur, répondit sir Robert, qu’ont de commun mes noms et mes titres avec les questions que je vais vous faire ? — Rien peut-être, monsieur ; mais ils peuvent me disposer plus ou moins à vous répondre. — Eh bien alors, monsieur, vous saurez que vous avez l’honneur d’être devant sir Robert Hazlewood d’Hazlewood, et un autre juge de paix du canton… Voilà tout. »

Comme cette déclaration ne produisit pas un effet aussi terrible qu’il s’y était attendu, sir Robert continua son interrogatoire, encore plus prévenu contre le prisonnier.

« Ne vous nommez-vous pas Van Beest Brown, monsieur ? — Oui. — C’est bien… Mais quel autre titre peut-on vous donner, monsieur ? — Capitaine de cavalerie au service de Sa Majesté… »

Le baronnet, à cette réponse, resta stupéfait d’étonnement ; mais il reprit courage en voyant l’air d’incrédulité de Glossin et en entendant l’espèce de sifflement moqueur qui lui échappa en signe de surprise et de mépris.

« Je crois, mon ami, continua sir Robert, qu’avant de nous quitter nous vous trouverons un titre plus modeste. — Si vous le pouvez, monsieur, je me soumets d’avance à toute punition qu’une telle imposture vous semblera mériter. — C’est ce que nous verrons, monsieur… Mais connaissez-vous le jeune Hazlewood d’Hazlewood ? — Je n’ai jamais vu qu’une fois le jeune homme qui à ma connaissance porte ce nom, et je regrette que notre rencontre ait eu un fâcheux résultat. — Vous avouez donc que vous avez fait au jeune Hazlewood d’Hazlewood une blessure qui a mis sa vie en danger ; que vous lui avez considérablement lacéré l’épaule droite, et mis, comme le certifie le médecin de la famille, plusieurs grains de plomb ou morceaux de balle dans l’apophyse acromion ? — Moi, monsieur ? Tout ce que je puis dire, c’est que j’ignore l’étendue du mal que j’ai fait à ce jeune homme, et qu’en tout cas j’en ai un vif regret. Je l’ai rencontré dans un sentier étroit, se promenant avec deux dames et un domestique ; avant que je pusse les joindre ou