Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait fait réunir dans ce hideux séjour, il sentit son cœur se soulever de dégoût à l’horrible idée de souffrir même un instant le contact d’une pareille compagnie.

« J’espère, monsieur, dit-il au geôlier, que votre intention est de me donner un logement séparé ? — Et que m’en reviendra-t-il ? — Mais, monsieur, je ne dois rester ici qu’un jour ou deux, et il me serait fort désagréable de me trouver au milieu de ces gens-là. — Et que m’importe à moi ? — Eh bien, monsieur, pour parler un langage que vous compreniez, je suis prêt à récompenser cette faveur de la manière qui convient. — Oui ; mais quand, capitaine ? quand et comment ? C’est là la question, ou plutôt les deux questions. — Quand je serai relâché, quand j’aurai reçu l’argent qui doit m’arriver d’Angleterre. »

Mac-Guffog secoua la tête en signe d’incrédulité.

« Mon ami, dit Bertram, croiriez-vous donc que je suis réellement un malfaiteur ? — Ma foi, je n’en sais rien, mais, dans tous les cas, vous n’êtes pas malin ; c’est clair comme le jour. — Et en quoi ne suis-je pas malin ? — En quoi ? Il n’y a qu’un fou, qu’un nigaud qui les ait laissés garder l’argent que vous avez déposé aux Armes de Gordon. Diable m’emporte ! à votre place je l’aurais bien arraché de leurs griffes ! Il n’est pas raisonnable de vous laisser prendre votre bourse et de venir en prison sans un sou pour vous y défrayer. Ils pouvaient garder le reste pour servir de pièces au procès ; mais pourquoi n’avoir pas demandé les guinées ? Je vous ai pourtant fait des signes assez répétés ; mais du diable si vous tourniez jamais la tête de mon côté ! — Eh bien, monsieur, si j’ai droit à réclamer cette bourse, je la réclamerai, et elle est assez bien garnie pour que j’aie de quoi vous contenter. — Ma foi ! je n’en sais trop rien ; vous pouvez rester long-temps ici, et alors il faudra paver le crédit par dessus le marché. Mais pourtant, comme vous m’avez l’air d’un honnête garçon, et quoique ma femme dise que mon bon cœur me fait toujours perdre, si pour mes fournitures vous me donnez un billet payable sur cet argent, j’ose dire que Glossin l’acquittera. Je sais quelque chose sur une évasion… Oui, oui, il sera charmé de me rendre service et me traitera en ami. — Eh bien, monsieur, si dans un jour ou deux je n’ai pas reçu d’autre argent, je vous ferai ce billet. — bien, bien ! dit Mac-Guffog, alors vous serez servi comme un prince. Mais écoutez-moi, l’ami, pour que nous n’ayons pas ensuite de difficultés, voici le prix que je demande toujours à ceux de mes gens qui veulent loger à part :