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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/89

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duquel il était pour le moment, pouvait avoir succombé en cherchant à le défendre. En outre, on se rappelait que Kennedy avait pris une part active, deux ou trois jours auparavant, à l’expulsion violente des Égyptiens de Derncleugh, et que des paroles dures et menaçantes avaient été échangées entre lui et quelques-uns des patriarches égyptiens dans cette mémorable occasion.

Le shérif reçut aussi toutes les dépositions du malheureux père et de son domestique, concernant ce qui s’était passé lors de la rencontre de la caravane égyptienne, au moment où elle quittait le territoire d’Ellangowan.

Les paroles de Meg faisaient surtout concevoir des soupçons ; c’était, comme le magistrat l’observa dans son langage judiciaire, damnum minatum, une menace de dommage, et malum secutum, le malheur prédit avait bientôt suivi la prédiction. Une jeune femme qui avait été cueillir des noisettes dans le bois de Warroch le jour du fatal événement, croyait bien, mais elle refusa de l’affirmer par serment, qu’elle avait vu Meg Merrilies, ou du moins une femme remarquable comme elle par sa taille et son extérieur, sortir brusquement d’un taillis ; elle disait qu’elle l’avait appelée par son nom, mais que, comme la figure lui avait tourné le dos sans lui répondre, elle ne savait pas si c’était réellement l’Égyptienne ou son esprit, et qu’elle avait eu peur de s’approcher d’une personne qui était reconnue, dans le langage vulgaire, pour n’être pas grand’chose.

Ce récit vague obtint quelque crédit par la circonstance du feu trouvé le soir dans la chaumière déserte de l’Égyptienne. Ce fait fut attesté par Ellangovan et son jardinier. D’un autre côté, il semblait extravagant de supposer que si cette femme avait trempé dans ce crime horrible, elle fût retournée le soir même de l’assassinat dans un endroit où on devait vraisemblablement commencer à la chercher.

Meg Merrilies fut pourtant arrêtée et interrogée ; elle nia fortement avoir été soit à Derncleugh, soit dans le bois de Warroch, le jour de la mort de Kennedy ; et plusieurs personnes de sa tribu prêtèrent serment qu’elle n’avait pas quitté leur campement situé dans un vallon à dix milles d’Ellangowan. À la vérité on n’ajoutait pas grand foi à leurs serments ; mais quelle autre preuve, dans cette circonstance ? L’enquête mit au jour un fait remarquable, mais un seul fait : elle avait au bras une légère blessure qui semblait avoir été faite avec un instrument tranchant ; elle était bandée avec un