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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/91

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C’était donc au mois de novembre, environ dix-sept ans après la catastrophe racontée dans le dernier chapitre, que pendant une soirée froide et orageuse une société s’était groupée autour du feu de la cuisine des Armes de Gordon, à Kippletringan, petite mais confortable auberge tenue par mistress Mac-Candlish.

La conversation de ceux qui la composaient m’évitera la peine de raconter le petit nombre d’événements arrivés pendant cette longue période, et qu’il est nécessaire que le lecteur connaisse.

Mistress Mac-Candlish, comme une reine sur son trône, siégeait dans un fauteuil doublé de cuir noir ; elle se régalait avec quelques commères d’une tasse d’un thé délicieux et avait en même temps l’œil sur ses domestiques, qui allaient et venaient pour s’acquitter de leur devoir et de leur service. À quelque distance, le clerc et le maître-chantre de la paroisse fumaient avec délices leur pipe du samedi soir, et aidaient à cette douce occupation en avalant de temps en temps des gorgées d’eau-de-vie et d’eau ; le diacre Bearcliff, homme d’une grande importance dans le village, partageait les douceurs des deux sociétés, où il avait sa pipe et sa tasse de thé, cette dernière relevée avec un peu d’eau-de-vie. Un ou deux paysans, assis à quelque distance, buvaient leur ale à deux penny.

« Êtes-vous sûre que le parloir est prêt pour eux, que le feu brûle bien, que la cheminée ne fume point ? » dit l’hôtesse à une servante.

On lui répondit affirmativement.

« Personne ne doit être malhonnête envers eux, surtout dans leur détresse, dit-elle en se tournant vers le diacre. — Assurément non, mistress Mac-Candlish, assurément non. Je vous réponds que s’ils avaient besoin, dans ma boutique, d’un petit article au-dessous de sept, huit ou dix livres, je leur livrerais à crédit aussi bien qu’aux plus riches de la contrée. Viennent-ils dans la vieille chaise de poste ? — J’oserai dire non, dit le maître-chantre, car miss Bertram vient sur le poney blanc quand elle se rend à l’église, et elle y vient régulièrement, et c’est un plaisir de l’entendre chanter les psaumes ; c’est une jeune et belle créature. — Oui, et le jeune laird d’Hazlewood chevauche à côté d’elle et la reconduit la moitié du chemin après le sermon, dit un des compères de la compagnie ; je m’étonne comment le vieil Hazlewood aime cela. — Je ne sais pas s’il l’aime à présent, monsieur, répondit un des buveurs de thé, mais il fut un temps où Ellangowan n’aurait pas été plus content