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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/211

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offensé. Ce fut dans ce dessein qu’il se rendit chez le lieutenant Taffril.

Le lieutenant le reçut avec la politesse d’un homme du monde et la franchise d’un marin, et n’écouta pas sans surprise les détails dont il fit précéder sa demande de lui servir de second dans sa rencontre avec le capitaine Mac Intyre. Quand il eut fini, Taffril se leva, et faisant deux ou trois tours dans l’appartement, il lui dit : « Voilà une affaire bien singulière, vraiment.

— Je sens, monsieur Taffril, le peu de droit que j’ai au service que je vous demande ; mais l’urgence de ma position ne me permet guère le choix.

— Permettez-moi de vous faire une seule question, dit le marin : Y a-t-il rien dont vous ayez à rougir dans les circonstances que vous avez refusé de communiquer ?

— Non, sur mon honneur, il n’y a rien que je ne puisse, dans très peu de temps, publier à la face du monde.

— J’espère que ce mystère ne provient d’aucune mauvaise honte sur l’obscurité de vos parens, ou peut-être de vos liaisons ?

— Non, sur ma parole.

— J’aurais peu de compassion pour cette faiblesse, et on ne peut réellement pas m’en supposer beaucoup, à moi dont on serait assez embarrassé de trouver l’origine, sinon que je suis descendu du grand mât, et qui vais bientôt, je pense, former une union dont le monde ne manquera pas de blâmer la bassesse, quoique j’épouse une jeune fille très intéressante, et à laquelle je suis attaché depuis ma tendre jeunesse lorsque nous demeurions porte à porte, et que j’étais loin de prévoir avec quel bonheur j’avancerais dans le service de mer.

— Je vous assure, monsieur Taffril, que, quel que fût le rang de mes parens, je ne songerais jamais à le cacher par un sentiment aussi étroit. Mais ma situation est telle dans ce moment, que des devoirs de convenance ne me permettent pas de m’expliquer au sujet de ma famille.

— C’est assez, répondit l’honnête marin ; donnez-moi votre main, je vous servirai de mon mieux dans cette affaire, quoiqu’elle soit assez désagréable pourtant ; mais qu’importe ? Après la patrie, nous devons tout à l’honneur. Vous êtes un garçon de cœur ; et j’avoue que M. Hector Mac Intyre, avec sa longue généalogie et ses airs de hauteur, m’a tout l’air d’un impertinent. Son père était comme moi un officier de fortune. Lui-même, qu’est-il de plus ? Il tient