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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/388

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simplicité, croyez-vous qu’une pauvre vieille créature comme moi aurait connu l’existence d’une chose semblable sans en tirer quelque avantage ? Et vous voyez bien que je n’en ai pas cherché et n’en ai pas eu ; quel intérêt aurais-je eu à me mêler de cela ?

— C’est précisément ce que je veux que vous m’expliquiez, car je suis positivement assuré que vous saviez qu’il était là.

— Votre Honneur est un homme entêté, Monkbarns, et pour un entêté je dois avouer que vous avez souvent raison.

— Vous convenez donc, Édie, que mon opinion est bien fondée ? »

Édie fit un signe affirmatif.

« Alors, vous voudrez bien m’expliquer toute l’affaire depuis le commencement jusqu’à la fin ?

— Si c’était un secret qui m’appartînt, Monkbarns, répliqua le mendiant, vous ne l’auriez pas demandé deux fois ; car je vous dis maintenant ce que j’ai dit souvent derrière votre dos, c’est que malgré toutes les lubies qui vous passent quelquefois par la tête, vous êtes encore le plus sage et le plus discret de tous nos gentilshommes du pays. Mais je serai franc avec vous, et je vous avouerai que c’est le secret d’un ami, et que je me laisserais plutôt écarteler par des chevaux sauvages, comme les fils d’Ammon, que de dire un mot de plus sur cette affaire, excepté qu’on ne voulût pas faire de mal, mais beaucoup de bien, au contraire, et qu’elle eut pour but de servir des gens qui en valent dix mille comme moi. Je ne crois pas qu’il y ait de loi qui puisse faire un crime de savoir où est caché l’argent des autres, pourvu qu’on ne mette pas la main dessus pour son compte. »

Oldbuck traversa deux ou trois fois la chambre dans une profonde rêverie, cherchant à trouver quelque raison plausible pour des transactions d’un genre si mystérieux ; mais son imagination fut complètement en défaut. Il se mit alors devant le prisonnier, et le regardant en face :

« Ami Édie, lui dit-il, votre histoire est une véritable énigme, et il faudrait un second Œdipe pour la deviner. Je vous dirai quelque autre jour quel était cet Œdipe si vous m’en faites souvenir. Quoi qu’il en soit, et que ce soit par l’effet de la sagesse ou par l’effet des lubies que vous me faites l’honneur de m’attribuer, je suis fortement disposé à croire que vous avez dit la vérité, d’autant plus que vous ne vous êtes pas servi de ces attestations des puissances suprêmes, comme j’ai remarqué que vos pareils ne manquaient jamais de le faire quand ils voulaient tromper les gens. (Ici