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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/8

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respectueusement congé de lui, comme quelqu’un qui, selon toute apparence, ne doit plus solliciter sa faveur.


À l’Avertissement ci-dessus, qui fut mis en tête de la première édition de l’Antiquaire, il est nécessaire d’ajouter dans cette nouvelle édition quelques mots tirés de l’introduction des Chroniques de la Canongate relativement au caractère de Jonathan Oldbuck.

Je puis dire ici en général que, quoique j’aie toujours pensé qu’il était permis de peindre librement les personnages historiques, je n’ai jamais, dans aucun cas, violé le respect dû à la vie privée. Il était, à la vérité, impossible que des traits particuliers à des personnes vivantes ou mortes avec lesquelles je m’étais trouvé en relation dans la société, ne se présentassent pas à ma plume dans des ouvrages tels que Waverley et ceux qui l’ont suivi ; mais je me suis toujours étudié à généraliser les portraits de telle sorte qu’ils ne parussent, après tout, que la création de l’imagination, quoique offrant la ressemblance d’individus véritables. Cependant je dois avouer que mes efforts dans ce dernier cas n’ont pas toujours réussi ; il y a des hommes dont les caractères ont une empreinte si remarquable qu’on n’en peut décrire le trait principal et dominant sans représenter la personne entière dans toute son individualité. Aussi le caractère de Jonathan Oldbuck, dans l’Antiquaire, a été en partie tracé d’après celui d’un vieil ami de ma jeunesse, auquel je dus la connaissance de Shakspeare et d’autres faveurs précieuses ; mais je croyais en avoir déguisé la ressemblance au point qu’il ne pût être reconnu par aucun de ceux des amis de mon père qui vivaient encore. Je me trompais pourtant, et j’avais fort compromis ce que je désirais qu’on regardât comme un secret, car j’appris ensuite qu’un homme très respectable du petit nombre de ceux des amis de mon père qui lui avaient survécu, avait dit, lorsque cet ouvrage parut, qu’il savait à n’en pouvoir douter quel en était l’auteur, ayant reconnu dans l’Antiquaire des traits de caractère d’un très intime ami de ma famille.

Il me reste à prier le lecteur de ne pas supposer que feu mon respectable ami ressemblât à M. Oldbuck, soit du côté de la généalogie, soit du côté de l’histoire attribuée au personnage idéal. Il n’y a pas dans le roman un seul incident qui soit emprunté à sa vie réelle, excepté le fait de sa résidence en une vieille maison près d’un port de mer florissant, et une scène dont il arriva par hasard à l’auteur d’être témoin entre son vieil ami et la directrice d’une diligence scène assez analogue à celle qui commence l’histoire de l’Anti-