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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/14

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son gré prendre feu à la terre contenue dans le pot à fleur ; ces faits n’auraient pas été contestés, dis-je, puisque, tout improbables qu’ils puissent paraître à quelques personnes, et tout mystérieux qu’ils aient pu être du temps de Joe, ils sont maintenant bien connus en chimie. Quant au dernier procédé, il suffit de mêler une quantité de limaille de fer bien fine et de la poudre de soufre pure, de manière à en faire une pâte qui, après avoir reposé environ vingt-six heures, se trouvera prendre feu et brûlera tout le soufre en jetant une flamme bleue et en répandant une mauvaise odeur. Pour ce qui est de la poudre blanche, c’est ce que les chimistes appellent de la poudre fulminante. Elle est composée de trois parties de salpêtre, de deux parties de sel de tartre et d’une partie de fleur de soufre, mêlées et battues ensemble pour former une belle poudre ; une faible quantité de cette poudre, tenue par la pointe d’un canif sur une lumière, n’éclatera point qu’elle ne fonde, et alors elle éclatera comme un coup de pistolet. Elle avait pu être disposée en plus grande quantité, de manière à faire d’elle-même explosion pendant que Joe se trouvait auprès de ses maîtres.

Telle est l’explication des aventures de revenants de Woodstock, ainsi qu’elles ont été transmises par M. Hone en son vieux traité ayant pour titre : Mémoires authentiques du célèbre Joseph Collins d’Oxford, dont le courage et la loyauté furent les uniques magiciens qui produisaient ces étranges et surprenantes apparitions et ces travaux surnaturels qui s’opérèrent d’une manière si incontestable sous les yeux des commissaires du parlement, d’après le docteur Plot et d’autres écrivains en crédit. La poudre fulminante, principal secret dont Joe fit usage, est aujourd’hui connue du moindre apprenti de pharmacie.

Si ma mémoire ne me trahit point, l’acteur de ces merveilles employa son habileté d’artificier dans la remarquable circonstance que je vais citer. Les commissaires n’avaient pas, dans leur zèle pour la chose publique, négligé leurs intérêts privés, et un acte fut dressé sur parchemin pour consigner la portion et la nature des avantages qu’ils s’étaient mutuellement concédés. Mais en même temps il leur répugnait, ce semble, de confier à aucun d’eux la garde d’un titre à la conservation duquel ils étaient tous intéressés. Ils cachèrent donc, d’un commun accord, l’écrit dans un pot qui contenait un arbuste, afin que cet arbuste le dérobât aux regards des spectateurs. Cependant le bruit des apparitions merveilleuses s’étant répandu au dehors, la curiosité attira à Woodstock une